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scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. (v. 20.) »


Cela dit, Jésus-Christ développe l’idée de la stricte et rigoureuse justice.


« Non-seulement ne pas tuer, mais ne pas insulter. (v. 21 et 22.)

« Ne pas commettre l’adultère de fait ni même l’adultère de pensée. (v. 27 et 28.)

« Sacrifier son œil ou sa main, si l’œil ou si la main veulent aller à l’iniquité, (v. 29 et 30.)

« Ne pas seulement éviter le parjure, mais même toute parole fausse. (v. 34 et 35.)

« Ne pas pratiquer la justice devant les hommes afin d’en être vus, mais devant Dieu notre père, qui nous voit. (VI, v. 1.)

« Prier le Père de nous traiter comme nous traitons nos frères. (v. 12, 14.)

« Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, car le reste vient par surcroît. (v. 23.) »


Après quoi, Jésus-Christ donne au monde la formule éternelle, universelle, absolue, savante, populaire, pratique, de la loi de justice : formule rigoureuse et précisément scientifique, qui est au monde moral, au monde social, ce qu’est au monde astronomique l’attraction et sa loi. Il dit : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux. Voilà la loi et les prophètes. » Ces derniers mots signifient : voilà tout.

Oui, c’est là tout. C’est toute la loi du passé et toute la loi de l’avenir. Je répète que c’est la formule éternelle, absolue, de la loi de justice, renfermant véritablement la science entière de la justice. Pesez bien chaque parole comme parole scientifique : c’est l’action, c’est le travail qu’impose d’abord la loi : « faites, » agissez, travaillez. Mais sous quelle loi ? Sous la loi de justice et d’égalité. J’ai besoin d’être aidé par les hommes, je dois donc les aider, et je dois les aider dans la mesure où je veux qu’ils m’aident. C’est l’évidence morale de la justice, du devoir et du droit. C’est la formule qu’admettent en termes équivalens toutes les écoles économiques : travailler les uns pour les autres : mutualité des services ; équivalence des services ; égalité des droits, des services, des devoirs. Do ut des, facio ut facias. C’est bien là, comme s’expriment les maîtres, < ; la base de toute l’évolution économique de l’humanité[1]. » Le travail sous cette loi est la cause du progrès du monde et la loi de l’histoire.

  1. Bastiat, Harmonies.