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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 80.djvu/178

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EXPLORATION
DU MÉKONG

I.
LES RUINES D’ANGCOR ET LES RAPIDES DE KHON.


I.

Les plus grandes colonies européennes ont eu des commencemens modestes; un comptoir fortifié fut le berceau de l’immense empire qui embrasse aujourd’hui la péninsule hindoustanique tout entière et menace de déborder sur la Chine. Quelques points obtenus sur le littoral à la suite d’une guerre ou par l’effet de négociations heureuses, quelques hommes obéissant à des mobiles divers, mais tous séduits par l’irrésistible attrait de l’inconnu, tels ont été le plus souvent les causes et les instrumens d’envahissemens progressifs qui ont presque toujours abouti à une conquête définitive. Comme les armées en campagne, les colonies ont leurs éclaireurs. Elles ne peuvent souffrir à leurs frontières ni les peuples barbares ni les populations indolentes; les indigènes qui laissent en friche un sol naturellement fécond ne sont pas moins leurs ennemis que les tribus guerrières. Par une sorte de loi de la nature que l’on ne constate pas d’ailleurs sans quelque tristesse, il n’existe guère de milieu, pour les peuples placés en dehors de la civilisation européenne; entre une transformation douloureuse ou une extermination