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il faudrait lui ajouter 10 deniers ou 40 farthings, c’est-à-dire l’augmenter d’un peu plus de 4 p. 100. Ceci fait, et nous verrons tout à l’heure si cela est facile, on se tourne du côté des Américains, et on leur dit : Notre nouvelle livre sterling, augmentée de 10 deniers, équivaudra exactement à une monnaie que vous avez, et qui sera l’unité monétaire, c’est le demi-aigle de 5 dollars, et comme, aux termes d’un acte de votre congrès, le dollar vaut à shillings 2 deniers, les 5 dollars seront la représentation exacte de la nouvelle livre sterling. Vous pourriez donc conserver tout votre système monétaire, et votre cent, qui est la centième partie du dollar, sera la 500e partie de l’unité. On divisera cette unité par 10 et par 100, et à chaque division il y aura une monnaie correspondante. De plus le cent sera l’équivalent du half-penny anglais, de sorte que, pour les subdivisions comme pour la monnaie principale, l’assimilation sera complète, et on s’entendra parfaitement dans les deux pays. Quant aux Anglais, s’ils sont obligés de modifier leur livre sterling, ils conservent au moins leur monnaie divisionnaire, leur penny surtout, auquel ils tiennent beaucoup, et qui est l’âme de leur système. On ne se dissimule pas que ce plan n’a pas beaucoup de chances d’être adopté par ce qu’on appelle la race latine; mais on en prend son parti. En définitive, dit-on, la race anglo-saxonne est la plus industrieuse et la plus commerçante du monde, celle qui fait le plus d’affaires, et du moment qu’elle aurait son union monétaire, le problème serait à peu près résolu, la dissidence des autres nations n’aurait pas grande importance.

Nous voulons, en examinant ce système, nous dégager de toute idée française, supposer que nous n’appartenons pas à cette race latine dont on fait si bon marché, et voir si, au point de vue anglais et américain, il a toutes les qualités qu’on lui suppose. D’abord on dit aux Américains qu’on ne leur demande aucune modification, qu’on les laisse dans leur statu quo monétaire; c’est une erreur. Les Américains ont bien en effet un dollar qui, aux termes d’un acte du congrès, vaut à shillings 2 deniers; mais c’est le dollar d’argent. Il n’est plus guère en circulation, et il tend à y être de moins en moins. Le dollar en or, qui est la monnaie usuelle, ne vaut pas 4 shillings 2 deniers, il vaut tout au plus 4 shillings 1 denier. Cette différence vient de ce que l’or en Amérique est tarifé légalement seize fois le prix de l’argent, et, comme cette valeur est supérieure à celle qu’il a réellement, le dollar d’or n’est pas l’équivalent du dollar d’argent, pas plus que naguère chez nous la pièce d’or de 5 francs n’était dans le commerce l’équivalent de la pièce d’argent du même chiffre. Il faut donc que les Américains augmentent un peu la valeur de leur dollar d’or, qu’ils l’augmentent d’environ