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de diverses congrégations, etc., l’a solennellement dédié, en hommage de sincère et respectueuse amitié, à M. Faugère, directeur des archives et de la chancellerie au ministère des affaires étrangères à Paris. Rien de plus officiel par conséquent que cette publication, et, sous un certain rapport, rien de plus nouveau. Jusqu’à présent, les gardiens des archives du Vatican avaient en effet montré la plus extrême répugnance à laisser prendre connaissance à qui que ce fût des précieux documens qu’ils possèdent. Le père Theiner vient de prendre, en ce qui le concerne, une généreuse initiative en faisant imprimer, non pas à Rome, mais en France même, tant de pièces intéressantes qui ne semblaient pas destinées à voir le jour, et les amis de la vérité doivent lui en savoir un gré infini. Il a fait mieux : il n’a pas craint de se transporter à Paris, afin, nous dit-il dans sa préface, « de puiser dans les riches dépôts historiques qui s’y trouvent les renseignemens et les témoignages propres à remplir les lacunes de son ouvrage. » Empressé d’aller au-devant de je ne sais quelles fâcheuses préoccupations qui le tourmentent et dont nous ne nous rendons pas bien compte, le pieux auteur commence par établir que « sa position et son caractère le mettent, grâce à Dieu, à l’abri de tout soupçon de partialité et d’intérêts humains. La Prusse est ma patrie, dit-il, et nous sommes étranger à la France. De plus, ministre du sanctuaire malgré notre indignité, quel autre mobile que le pur amour de l’église, de la vérité, de la justice, aurait pu nous guider dans ce travail ? Nous l’affirmons, avec cette assurance qu’inspire le témoignage d’une conscience nette, nous n’avons subi aucune influence, et toute tentative de ce genre eût été repoussée avec dédain, sinon avec indignation. »

Après ce préambule parfaitement inutile, car il est impossible de deviner pourquoi quelqu’un se serait plu à soupçonner le savant directeur des archives pontificales d’obéir à d’autres mobiles que l’impulsion spontanée de sa conscience, le père Theiner, venant enfin au fait, veut bien nous dire quel but il s’est proposé. Il a voulu mettre le public en garde contre les Mémoires du cardinal Consalvi, « qui ont été rédigés sous l’impression d’une amertume et d’une irritation morale trop visibles… La moralité même du caractère de ce cardinal a été compromise par la publication de ses mémoires, dont l’acrimonie et la partialité trop manifestées contrastent étrangement avec les appréciations calmes et modérées de ses dépêches… Et pourtant ces mémoires écrits ab irato., — ce sont les expressions du révérend père, — forment l’unique base de l’ouvrage de M. le comte d’Haussonville, l’Église romaine et le premier empire. »

Il ne nous appartient en aucune façon de défendre la réputation jusqu’à présent si respectée de l’éminent secrétaire d’état, qui était en même temps l’ami le plus dévoué de Pie VII, contre les sévérités inattendues de l’archiviste auquel Pie IX a confié la garde des trésors