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le plus honnête et le plus pratiqué. « La période fixée pour le paiement de la dette nationale, disait la plate-forme de Chicago, doit être étendue d’une manière équitable ; il est du devoir du congrès de réduire le taux d’intérêt de cette dette dès qu’on pourra le faire honnêtement. La meilleure politique à suivre pour diminuer le fardeau de notre dette est d’améliorer notre crédit de manière que les capitalistes soient disposés à nous prêter de l’argent à un taux moindre que celui que nous payons actuellement, et que nous devrons payer aussi longtemps que l’on parlera de la répudiation partielle ou totale, ouverte ou déguisée de la dette. »

La convention démocratique se réunit à son tour dans la ville de New-York le 4 juillet, jour anniversaire de la proclamation de l’indépendance. Le parti, moins bien discipliné que son adversaire, finit néanmoins par s’organiser, et s’efforça d’obtenir par la solennité de la forme ce que chez lui le fond avait de défectueux. Obligé de passer un peu condamnation sur ses visées politiques, il voulut du moins faire étalage de plans financiers en désaccord complet avec ceux des républicains, et il se donna le tort de risquer un dangereux appel aux passions de la partie la moins éclairée de la population américaine. « Paiement de la dette publique des États-Unis aussi rapidement que possible, tout l’argent pris au peuple par l’impôt, sauf ce qui est nécessaire aux dépenses gouvernementales, devant être économiquement administré et appliqué à cet amortissement, » tel était le programme adopté. Quant aux moyens, la plate-forme démocratique continuait ainsi : « Toutes les fois que les titres ne porteront pas expressément ou bien que la loi autorisant l’émission ne stipulera pas qu’ils devront être remboursés en monnaie métallique, ils doivent en droit et en justice être remboursés en monnaie légale des États-Unis. Une même taxe pour toutes les formes de la propriété basée sur la valeur réelle, y compris les titres du gouvernement et autres fonds publics ! Une seule monnaie pour le gouvernement et le peuple, le travailleur et le fonctionnaire, le pensionné et le soldat, le producteur et le porteur de titres ! » En échange de cette interprétation partiale du contrat entre le trésor et ses créanciers, les démocrates promettaient une diminution des impôts intérieurs et une modification du tarif douanier dans le sens de la liberté commerciale.

Dès l’ouverture de la campagne, la situation se présentait dans des conditions favorables aux républicains. Ceux-ci pouvaient en effet, vis-à-vis de leurs adversaires, opposer les actes,accomplis dans le passé aux vagues promesses d’un avenir douteux, le respect des engagemens à une banqueroute mal déguisée. Pour tous ceux qui connaissaient les États-Unis, il n’y avait pas de doute que le corps électoral ne ferait bonne justice des erreurs qu’on lui présentait sous la forme séduisante d’une réduction prochaine des charges supportées par le pays. Ce fut en effet ce qui arriva. Le 3 novembre 1868, le candidat républicain, le général Grant,