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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 82.djvu/238

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solennellement sur leur bonne foi à ce que le remboursement en soit ainsi effectué. »

La majorité des deux chambres n’avait plus qu’à transformer en loi l’expression de ses volontés. Tel fut l’objet du bill présenté par M. Schenck et adopté le 1er mars 1869. La déclaration du sénat que nous venons de citer y était reproduite en termes presque identiques. Quant à la circulation fiduciaire, le congrès s’engageait à lui donner toute son attention dans un délai prochain, car il était stipulé « qu’aucun des titres portant intérêt ne pourrait être racheté ou remboursé avant l’échéance, à moins qu’à cette époque les billets des États-Unis ne fussent conversibles en monnaie métallique au choix du porteur, ou que des titres des États-Unis portant un taux d’intérêt moins élevé que les titres à racheter ne pussent être vendus au pair en monnaie métallique. » Les pouvoirs du quarantième congrès ayant cessé le 4 mars 1869, c’est-à-dire avant l’expiration du délai accordé au président pour examiner la loi, le bill financier de M. Schenck resta sans effet. Aussi l’un des premiers actes des nouveaux représentans du pays fut-il de confirmer le bill voté par leurs prédécesseurs, et la loi, soumise cette fois à la ratification du président Grant, fut immédiatement revêtue de sa signature.

Relativement au papier-monnaie, voici quel est en ce moment l’état de la question. Depuis l’établissement du cours forcé, la dépréciation de la monnaie légale a subi de brusques et désastreuses oscillations. La prime de l’or s’est élevée parfois durant la guerre jusqu’à 180 pour 100, de sorte que 280 dollars en papier représentaient 100 dollars en or. Cette diminution de la valeur commerciale des greenbacks ne tenait pas sans doute à un manque de confiance dans les destinées futures de l’Union ; ceux qui la défendaient ne doutèrent jamais du triomphe définitif de la cause fédérale. Elle était due à l’incertitude où l’on se trouvait quant à la somme des sacrifices auxquels le pays pouvait être contraint de se soumettre. Lorsque la guerre fut terminée, que les arriérés eurent été soldés et la dette flottante définitivement éteinte par l’émission du grand emprunt des seven-thirties (7-30), lorsque le pays fut assuré que la somme de papier-monnaie en circulation ne serait pas augmentée, l’agio sur l’or se maintint vers un taux moyen de 40. pour 100, tout en restant soumis à des sauts brusques. Au moment de la guerre d’Allemagne de 1866, il passa brusquement de 25 à 55 pour 100 ; chaque paiement des intérêts de la dette, selon qu’il s’effectuait en or où en greenbacks, le faisait aussi varier dans un sens ou dans l’autre. Il fallait évidemment donner à l’étalon monétaire une fixité plus grande.

Pour atteindre ce but, il n’y avait qu’un seul moyen efficace : c’était la reprise des paiemens en espèces. On proposa d’appliquer au rachat des greenbacks une partie de l’encaisse métallique du trésor. Cet encaisse varie, d’après les états publiés chaque mois, entre 400 et 600 millions. Les besoins courans, disaient les partisans du projet, n’absorbent pas la