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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 82.djvu/320

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base aurait par conséquent 16 angles solides et 16 arêtes. Plaçons à chaque angle un atome de carbone et au milieu de chaque arête des bases un atome d’hydrogène, on aura ainsi un noyau régulier de 64 atomes. Maintenant, au-dessus de chaque base suspendons des molécules d’eau, nous aurons un prisme terminé, par des espèces de pyramides. Par certaines réactions, on pourra, comme en cristallographie, cliver ce cristal, c’est-à-dire lui enlever les pyramides pour le ramener à la forme primitive ou fondamentale. Que si maintenant un gaz comme l’oxygène ou le chlore arrive en présence du radical fondamental, ce gaz, ayant beaucoup d’affinité pour l’hydrogène, en enlèvera un atome ; le prisme privé d’une arête se détruirait alors, si elle n’était remplacée par une arête équivalente soit d’oxygène, soit de chlore, soit d’azote… On arrivera ainsi à un prisme dérivé qui pourra renfermer par exemple, avec les 32 angles de carbone, 20 arêtes d’hydrogène, 8 d’oxygène et 4 de chlore… Sa forme et sa formule seront toujours semblables à celles du radical fondamental. » Comme on le voit, il n’y a plus rien de l’idée dualistique dans la conception de Laurent, et la constitution de la molécule se présente désormais sous un jour tout nouveau.

Gerhardt n’entra dans la carrière qu’en 1842. Il se fit d’abord connaître en lisant à l’Académie un mémoire relatif à la classification chimique des substances organiques. Gerhardt avait été frappé de la divergence qui s’était produite entre les notations de la chimie organique et celles de la chimie minérale ; il cherchait à y remédier en instituant une sorte de commune mesure à laquelle les molécules de l’une et de l’autre pussent être comparées. Les deux notions de poids atomiques et d’équivalens dont nous avons marqué le point de séparation avaient suivi chacune leur voie distincte ; mais sur certaines questions elles se rencontraient et s’enchevêtraient en produisant des effets discordans. Il y avait là un élément d’incertitude et de confusion qui, à vrai dire, n’a pas encore entièrement disparu de la science. Gerhardt montra que les difficultés étaient dues, au moins en partie, à une application incomplète de la loi volumétrique de Gay-Lussac. Il prit pour type, la molécule de l’eau, où deux volumes d’hydrogène et un volume d’oxygène se combinent de façon à former deux volumes de vapeur, et il déclara qu’il voulait de même prendre pour unité de molécule dans chaque corps ce qui, à l’état de gaz ou de vapeur, donnait aussi deux volumes. Dans cet ordre d’idées, il était conduit à assimiler à l’eau les protoxydes métalliques, et il montrait qu’il fallait réduire de moitié les poids atomiques que Berzélius avait assignés à la plupart des métaux.