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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 82.djvu/396

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les écoles
des
beaux-arts en europe


Après avoir essayé de nous rendre compte de la façon dont les différens pays de l’Europe s’efforcent de prendre rang dans l’art industriel[1], il n’est pas hors de propos de rechercher quel est le résultat de la lutte sur un autre terrain où les succès sont de constatation plus délicate, mais ne sont guère moins chaudement disputés. Il s’agit de ce champ de bataille pacifique de l’art, véritable champ d’honneur sur lequel viennent se mesurer les peuples qui croient avoir des droits à se dire les maîtres du progrès et de la civilisation. Les différens états font de l’enseignement des beaux-arts l’objet d’une vive sollicitude, et en cela ils sont bien inspirés. On sait quels furent dans l’antiquité les prodigieux efforts des Athéniens pour l’emporter en fait d’art sur leurs rivaux. Ce n’est point pour une stérile satisfaction de vanité que cette république libre et triomphante sacrifiait toutes ses ressources, plus que ses ressources, puisqu’elle y employait trois fois son revenu annuel, à élever ce Parthénon, temple de la vierge-déesse en qui se personnifiaient la sagesse et l’activité humaines. Périclès savait bien que cette œuvre, qui résumait l’architecture, la sculpture et la peinture de son siècle, assurait pour longtemps aux siens une supériorité de puissance, un privilège de richesse. L’art est une source pure placée sur un plateau élevé et qui féconde en descendant par une pente naturelle toutes les productions de l’industrie. Athènes, qui n’avait ni prairies, ni forêts, ni blé, Athènes avec les profits de ses manufactures, les premières du monde, de ses ateliers, d’où

  1. Voyez la Revue des 1er septembre et 15 octobre 1868.