travail des bœufs n’est pas un produit, c’est un moyen de production. Ensuite on porte à 43 fr, la valeur moyenne de l’hectolitre de vin : il se peut que les vins du haut Douro destinés à l’exportation aient en effet cette valeur; les vins communs du pays peuvent difficilement monter à ce prix. En France, la valeur moyenne de l’hectolitre de vin nouveau était portée autrefois à 12 fr. 50 c; elle peut s’élever aujourd’hui, après les ravages de l’oïdium, à 18 ou 20 francs. Enfin le chiffre de 19 millions indiqué pour les produits des bois paraît inconciliable avec l’étendue attribuée à la superficie boisée; ce ne serait rien moins qu’un produit moyen de 190 fr. par hectare. Si nous ajoutons qu’on n’a pas retranché les semences des céréales, nous trouverons qu’il faut probablement soustraire de l’estimation une centaine de millions. La production agricole du Portugal serait alors de 450 millions[1], ou 50 francs par hectare de la superficie totale, la moitié environ de ce qu’elle est en France. Divisée par les 2 millions d’hectares que l’Abrégé d’économie rurale donne à la surface cultivée, ce serait encore une moyenne de 225 francs par hectare, c’est-à-dire beaucoup plus qu’en Angleterre, en Belgique, dans les pays les mieux cultivés. En comptant 4 millions d’hectares plus ou moins travaillés, on arriverait à un résultat plus vraisemblable. Je soumets ces conjectures à la commission portugaise de statistique agricole.
Quoi qu’il en soit, ce qui frappe le plus dans cette statistique, c’est la faible proportion des produits animaux. Le Portugal possède très peu de bétail ; M. Rebello da Silva estime à 5 millions de têtes le nombre total des animaux domestiques. La race bovine y figure pour 520,000; la race ovine pour 2,400,000; 1 million de chèvres, 850,000 cochons et 230,000 chevaux, mulets ou ânes complètent les 5 millions. En comptant 10 moutons et 4 porcs pour une tête de gros bétail, on arrive à une moyenne de 14 têtes par 100 hectares, tandis que l’Angleterre en possède 99, la Belgique 58, la Hollande 52, l’Allemagne 44, la France 38. Avec les ressources que présente le pays, la production du bétail peut certainement s’accroître; mais il ne faut pas se dissimuler que la nature du climat dans le sud oppose de sérieux obstacles à un large développement des races animales. Tous les pays méridionaux en sont là.
Le gros bétail se concentre dans le nord, c’est en effet dans cette région qu’on trouve la plus grande partie des prairies naturelles et presque toutes les prairies artificielles; c’est là aussi que commence à se répandre la culture des racines pour la nourriture des bestiaux. De belles races s’y sont formées de longue main, et entre autres la race appelée barroza, qui fournit à la fois de bonnes vaches laitières et d’excellens sujets pour
- ↑ Le Portugal a adopté le système métrique : on y compte par hectolitres, par hectares et par kilogrammes, ce qui facilite les comparaisons; mais il a conservé son système monétaire. Nous avons estimé dans nos calculs le milréis à 6 francs.