conséquence autorisé à signer un traité par lequel la paix serait rétablie entre l’empereur et le pape. Votre sainteté serait reconnue dans sa souveraineté temporelle, et les états romains, tels qu’ils ont été réunis à l’empire français, seraient remis, ainsi que les forteresses, entre les mains de votre sainteté ou de ses agens; cette convention ne saurait être relative qu’aux objets temporels, et au pape comme souverain de Rome[1]. »
La lettre qu’on vient de lire était remise le 20 janvier 1814 à Pie VII. Quel accueil allait-elle recevoir? Chose vraiment étrange, c’était l’empereur qui, de lui-même, offrait au pape, non pas seulement la liberté, non pas seulement la restitution d’une partie de ses états, mais la plénitude intégrale de sa souveraineté temporelle, telle qu’elle avait existé avant toutes les guerres qui depuis la révolution avaient bouleversé la carte entière de l’Europe. Chose plus prodigieuse encore, bizarre interversion des rôles qui avait presque l’apparence du châtiment, c’était maintenant Napoléon qui, après avoir arraché par la violence tant de sacrifices au saint-père, en était réduit à se demander si le pape accepterait ce présent de sa main. Il avait raison d’en douter, car Pie VII le refusa. Ce refus, est-il besoin de le dire? allait être accompagné des plus grands ménagemens. S’il avait eu naguère à se reprocher quelques momens de faiblesse pendant les terribles épreuves de l’adversité, le pape était en effet résolu à ne montrer ni entêtement ni orgueil quand la Providence, tant de fois implorée, venait enfin à son secours. C’est pourquoi il reçut M. de Beaumont avec sa bienveillance accoutumée; mais il lui dit aussi expressément « qu’il ne pouvait se prêter à aucune négociation, parce que la restitution de ses états, étant un acte de justice, ne pouvait devenir l’objet d’aucun traité, et que d’ailleurs tout ce qu’il ferait hors de ses états semblerait l’effet de la violence, et serait une occasion de scandale pour le monde catholique[2]. » Durant le cours de l’entretien, le saint-père ajouta qu’il ne demandait qu’à retourner à Rome le plus tôt possible; il n’avait besoin de rien, et la Providence l’y reconduirait toute seule; puis, avec une humilité touchante, il laissa tomber ces paroles singulières, qui restèrent toujours gravées dans la mémoire de son interlocuteur : « Il est possible que mes péchés me rendent indigne de revoir Rome; mais soyez sûr que mes successeurs recouvreront tous les états qui leur appartiennent. » Enfin, comme s’il craignait, en congédiant M. de Beaumont sans lui avoir parlé de Napoléon, de paraître