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pouvoir central, d’intéresser un grand nombre de citoyens à la chose publique, de répandre par la pratique et par l’exemple les salutaires habitudes de libre discussion et de responsabilité personnelle jusque dans les rangs les plus humbles de la nation.

Les conditions de la réforme administrative peuvent donc se résumer ainsi : — se rapprocher le plus possible du système anglais en réservant au corps législatif le soin d’arrêter les mesures qui embrassent des intérêts sociaux, ou sont destinées à réaliser des améliorations réclamées par le pays tout entier ; donner faculté au corps législatif de se faire assister dans cette mission par un conseil d’état dont les membres seraient élus par lui et non désignés par le chef de l’état ; soumettre l’administration des préfets, quant à l’exécution des délibérations des conseils-généraux, au contrôle d’une commission permanente ne relevant que de l’assemblée départementale ; élargir les attributions des conseils municipaux, des conseils d’arrondissement et des conseils-généraux, de manière qu’ils gèrent avec indépendance les affaires de leur ressort ; organiser un mode de recours du degré inférieur au degré supérieur dans les représentations locales, jusqu’au corps législatif pour les décisions des conseils-généraux ; en cas d’empiétement d’un de ces corps sur l’autre, d’incompétence quant à la matière, d’usurpation sur les pouvoirs d’un fonctionnaire, renvoyer le conflit devant le conseil de préfecture avec droit d’appel devant le conseil d’état ; retirer au gouvernement la faculté exorbitante de former à son gré les circonscriptions électorales et la remplacer par une circonscription légale qui pourrait être l’arrondissement ; donner des guides et comme des moniteurs au suffrage universel en multipliant autant que possible les fonctions électives, conseillers d’état, présidens et secrétaires des conseils-généraux, conseillers de préfecture, maires, membres de la commission permanente de département, inspecteurs des hospices, inspecteurs du travail dans les manufactures, instituteurs primaires désignés par les conseils municipaux. Tous ces fonctionnaires inspireront de la confiance aux populations, et exerceront sur elles une légitime influence quand ils tiendront leur titre du suffrage de leurs concitoyens. Cette organisation nouvelle ne serait cependant qu’une machine inerte, si elle n’était pas abondamment pourvue d’un souffle de vie politique. Une presse libre et l’exercice constant du droit de réunion, tel est le foyer de la force motrice qui lui assurera toute sa puissance.


II

Je viens d’établir les bases du gouvernement libéral que veut la France ? il s’agit maintenant de savoir ce qu’on édifiera dessus ;