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à celles qui tuent en France, après un demi-siècle, nos facultés militairement disciplinées.

Le personnel enseignant d’une université allemande se compose de quatre ordres ayant des droits bien distincts, les professeurs ordinaires, les professeurs extraordinaires, les privat-docenten, qu’on peut comparer à nos agrégés de faculté, enfin, bien au-dessous des précédens, les maîtres de langues et d’exercices. Ces derniers ne sont pas docteurs et se confondent presque avec les employés de la faculté. Ils enseignent toutes les langues étrangères, même parfois celles de l’Orient, la musique, le chant, l’équitation, la danse, les armes, la natation, la gymnastique, la sténographie, l’écriture. Les maîtres n’ont pas simplement le patronage académique. Leur enseignement est surveillé par le sénat ; les prix qu’ils doivent faire payer sont parfois soumis à un tarif ; quelques-uns reçoivent même de modiques traitemens.

Les professeurs ordinaires composent par excellence la faculté. Le doyen ainsi que le recteur sont toujours choisis parmi eux ; ils entrent seuls au sénat. Ils ne sont jamais nombreux. Les plus grandes facultés de philosophie, comme celles de Berlin, de Vienne, de Breslau, n’en comptent pas plus de vingt-cinq ou vingt-huit. C’est peu, si l’on réfléchit que dans les facultés de philosophie on enseigne l’universalité des connaissances humaines, à l’exception de la théologie, du droit et de la médecine. Leur nombre dépend de la richesse de l’université et de la vogue dont elle jouit : il s’abaisse dans les petites facultés au point d’être insuffisant et presque ridicule. A Iéna, la faculté de médecine n’a que cinq professeurs ; la faculté de droit de Giessen n’en a que quatre. Ces professeurs représentent en quelque sorte l’enseignement de la faculté réduit au plus strict nécessaire et suffisant à la grande rigueur aux exigences académiques ; mais ils ont à côté d’eux, en nombre toujours supérieur, les professeurs extraordinaires et les privat-docenten, qui viennent élargir et compléter le cadre des études. Les professeurs ordinaires sont nommés par le souverain sur une liste de présentation que dresse la faculté. Les formalités sont à peu près les mêmes dans tous les états allemands. La vacance de la chaire est publiquement annoncée par la voie des journaux, et tout docteur peut se constituer candidat en adressant une demande à la faculté. Celle-ci de son côté n’est pas tenue de choisir parmi les postulans : elle compose sa liste en toute liberté dans une assemblée spéciale à laquelle les professeurs ordinaires seuls prennent part. Cette liste renferme ordinairement trois noms ; mais, lorsque la faculté le juge convenable, lorsqu’elle veut donner un témoignage particulier d’estime à celui qu’elle propose, elle le présente seul. C’est un honneur qui est toujours d’usage quand le candidat désigné est déjà