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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/469

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repas aux mêmes tables que leurs compagnes d’études. Aujourd’hui le nombre des habitations s’est accru, et beaucoup d’élèves se mettent en pension dans des familles particulières. Pourtant le collège des jeunes filles a encore 100 chambres, et 220 élèves prennent place dans les réfectoires. Il y a des familles qui ne reçoivent que des filles en pension, d’autres admettent des pensionnaires des deux sexes. Dans le collège, il y a un directeur pour les jeunes gens, une directrice pour les jeunes filles, objet d’une surveillance spéciale de la part de plusieurs dames, presque toutes veuves d’anciens professeurs. Quant à l’ordre, à la discipline, à la régularité des études, on s’en rapporte généralement au bon sens et à la sagesse des élèves. Les jeunes gens peuvent être admis dans la maison habitée par les jeunes filles à certaines heures, depuis celle du thé par exemple jusqu’à sept ou huit heures du soir. De leur côté, celles-ci peuvent assister aux lectures ou conférences faites le soir dans les salles du collège. La réunion n’a pas lieu lorsqu’il s’agit de matières religieuses. Les élèves des deux sexes peuvent faire ensemble des promenades à pied ou à cheval, pourvu qu’ils ne sortent pas des limites du village, excepté dans certains jours de fête. Dans le passage d’une salle à une autre, ils marchent ensemble par groupes, librement et sans être astreints à d’autre discipline que celle que leur impose une habitude d’ordre et de convenance qui leur est devenue naturelle.

Un pareil système d’éducation, objet de quelques objections, ne manque cependant pas en Amérique d’apologistes convaincus. Il n’offre d’ailleurs rien d’étrange aux habitans d’un pays où la plupart des écoles d’enseignement primaire, élémentaire et supérieur sont mixtes. C’est la règle à New-York. Elle a cependant de nombreuses exceptions. A Baltimore, les classes à tous les degrés sont séparées ; à New-Haven et à Chicago, toutes sont mixtes. A Boston, en 1867, sur 20 écoles de grammaire, 7 étaient pour les garçons seulement, 7 pour les jeunes filles, et 6 étaient mixtes. Quelques parens voudraient ne pas envoyer leurs filles aux écoles primaires, non parce qu’elles y sont en contact avec des garçons, mais parce qu’elles s’y trouvent en rapport avec des enfans des classes inférieures ; ils ne font pas de difficulté de les envoyer aux grammar-schools, où cet inconvénient, pensent-ils, est beaucoup moindre. D’autres au contraire estiment qu’il n’y a nul inconvénient à ce que les enfans des deux sexes se trouvent ensemble dans les écoles primaires, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de douze ou treize ans ; ils y voient quelque danger lorsqu’ils ont cinq ou six ans de plus, et qu’ils entrent dans l’école élémentaire ou grammar-school. M. Hager, principal de l’école supérieure de West-Boxburg, près Boston, atteste que, lorsque