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tous ceux qui paient une contribution pour faire usage des docks. Ces électeurs forment ainsi un corps de 2,190 votans, tous plus ou moins intéressés aux progrès de la navigation et du commerce. Sur les 24 membres élus, 8 sortent chaque année et sont ou réélus ou remplacés par d’autres, de sorte que dans l’intervalle de trois ans tout le conseil peut être renouvelé. Ce conseil se divise en huit comités qui se partagent)a besogne, et dont chacun se réunit un jour de la semaine dans la grande salle de l’administration des docks. Il y a par exemple un comité chargé de surveiller les travaux de construction (works) ; un autre préside aux magasins (warehouses). Ces formidables bâtimens de pierre et de fer ont un outillage si parfait que les marchandises se transportent en quelque sorte d’elles-mêmes à la place qu’elles doivent occuper. J’ai vu des ruisseaux de céréales courir en droite ligne sur des bandes mouvantes de caoutchouc, et après un long trajet s’engloutir subitement dans un trou à l’endroit où l’on voulait former des tas de blé ou de maïs. Les machines hydrauliques, mille engins mus par la vapeur, en un mot toutes les forces que l’homme a dérobées à la nature, travaillent incessamment dans les magasins à soulever et à ranger les richesses des deux mondes. Des milliers de balles de coton montent et descendent sans passer par les escaliers, enlevées qu’elles sont d’un étage à l’autre par des moyens d’ascension aérienne. Le comité des bassins et des quais (docks and quays) a de son côté beaucoup à faire, car les eaux enfermées dans ces bassins couvrent une superficie de 418 hectares 50 ares, tandis que les quais s’étendent sur une longueur de 18 milles. Quant au comité des finances, on aura une idée de l’importance de ses fonctions quand on saura que les docks de Liverpool et de Birkenhead réunis ont coûté la somme énorme de 318,824,518 francs. Le revenu se compose entièrement de contributions prélevées sur les vaisseaux et sur les marchandises. Jusqu’en 1857, les droits sur l’entrée et le mouillage des navires, l’emmagasinage des denrées, appartenaient à la ville, qui les tenait anciennement de la couronne, et qui employait une grande partie de l’argent reçu à l’embellissement des rues et des places publiques. Le conseil des docks acheta du conseil municipal ces mêmes droits pour la somme de 37,500,000 francs, et les recettes sont aujourd’hui exclusivement consacrées à l’entretien ou au développement du port de Liverpool. Du 24 juin 1867 au 24 juin 1868, le revenu des docks atteignit le chiffre de 22,128,150 francs ; l’administration dépensa 20,343,610 francs ; il restait donc un bénéfice de 1,784,540 francs[1]. Ce bénéfice sert tous les ans à payer

  1. Il faut remonter jusqu’à 1752 pour trouver les premiers comptes des redevances payées aux docks de Liverpool. Le revenu était alors de 1,776 livres sterl. 8 sh. 2 den. Les droits perçus seulement sur le tonnage des vaisseaux et sur les marchandises montent aujourd’hui à 475,681 liv. sterl. 4 sh. 8 den. En 1757, il est fait mention pour la première fois du nombre des vaisseaux entrés dans le port pendant l’année ; on en comptait 1,371 ; du 24 juin 1867 au 24 juin 1868, c’étaient 20,218 navires qui entraient dans les docks de Liverpool. En 1800, le mouvement général de la navigation était représenté dans les mêmes eaux par 450,060 tonnes, et en 1868 par 5,497,924 tonnes. Mieux que tous les discours, ces chiures comparés entre eux donneront une idée des progrès qui ont élevé si haut la fortune et l’importance de la ville.