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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/847

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dépende. M. Ziemialkowski parla le premier. Je résume ses paroles. « J’ai déjà eu l’honneur, dit-il, de représenter la ville de Lemberg en 1848, en 1861 et en 1867 ; mais la chance m’a toujours été contraire. Après la session de 1848, j’ai été exilé ; pendant celle de 1861, j’ai été mis en prison, et enfin, pendant la dernière, j’ai eu le malheur de mécontenter mes électeurs. Pourtant j’ai toujours obéi à ma conscience et fait ce que m’imposait le devoir envers mon pays. J’ai promis en 1867 de combattre pour la liberté et la nationalité, considérant, en ma qualité de Polonais, ces deux choses comme inséparables. En fait de libertés, j’ai demandé celles de la parole, de la presse, des personnes, des cultes, des associations, des réunions, enfin le jury. Pour la nationalité, j’ai demandé que la langue polonaise fût introduite dans l’enseignement, dans l’administration, dans les hautes cours de justice, que notre autonomie nationale et provinciale nous fût rendue, que l’indépendance de la commune fût respectée. Maintenant qu’avons-nous obtenu ? Beaucoup en fait de liberté, très peu de chose, je l’avoue, pour la nationalité. Cependant on peut citer l’admission de la langue polonaise dans l’enseignement primaire et moyen, dans l’administration et les tribunaux. Depuis 1867, il est décidé que tout ce qui n’est pas nommément dans les attributions du Reichsrath est dans la compétence des diètes provinciales. Notre existence nationale a été reconnue en cela que c’est la députation de la Galicie et non point le Reichsrath qui nomme ses représentans à la délégation commune. Nous avons empêché que les biens de la couronne de Galicie ne soient vendus, et nous avons obtenu d’importantes réductions d’impôts. D’ailleurs nous ne sommes que 30 députés à Vienne, et nous avons à lutter contre une majorité cinq fois plus nombreuse que nous. Nous arrachons des concessions pas à pas à des gens qui, depuis cent ans, se sont habitués à nous régir en souverains, et qui se défient de nos intentions et de notre dévoûment à l’empire. Je crois que nous devons persister à réclamer le respect de nos droits, et je suis convaincu que nous obtiendrons chaque année quelque concession nouvelle. Voilà pourquoi j’ai voulu que la Galicie se fît représenter à Vienne en 1867, même en 1868, et c’est pourquoi je n’ai pas quitté le Reichsrath cette année-ci. J’étais en prison quand en 1864 le pays se décida à sortir de l’opposition passive pour entrer dans l’opposition active. Malgré nos échecs, je pense que nous devons persévérer dans cette voie. Ce que veut le pays, c’est que ses intérêts soient défendus au sein du parlement central. Quoique la constitution actuelle ne nous satisfasse point, je crois que nous devons aller à Vienne, parce que cette constitution peut être améliorée, et que l’abstention est un moyen violent, désespéré, auquel il ne faut avoir recours que quand tous les autres sont épuisés. J’ai été