Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 83.djvu/849

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des lois du monde moral qu’une idée vraie ayant sa racine dans la justice et le droit des peuples finit toujours par remporter. Seulement plus de transactions. Le moment est venu d’agir avec décision et vigueur. » On voit quel est le plan de campagne préconisé par M. Smolka. Au lieu d’aller à Vienne et de tout attendre de la reconnaissance du ministère et du Reichsrath, il faut, suivant lui, ne plus envoyer de députation au parlement central et s’allier aux Tchèques pour forcer la majorité allemande à accorder aux Slaves l’autonomie qu’ils réclament et la part d’influence à laquelle ils ont droit. Au vote, ce fut la politique radicale de M. Smolka qui l’emporta. Le meeting décida que la proposition Smolka devait devenir le mot d’ordre de la diète, qu’elle ne devait plus envoyer de députés au Reichsrath, et que les députés actuels seraient invités à donner leur démission. Les meetings tenus vers la même époque dans les provinces et où dominaient la noblesse et les propriétaires se rallièrent au contraire à la politique de M. Ziemialkowski.

A la suite de l’importante réunion dont nous venons d’indiquer les résolutions, tous les députés, sauf M. Smolka, ont donné leur démission. Le comte Goluchowski, ex-gouverneur de la Galicie et partisan décidé du ministère actuel, va jusqu’à dire dans l’exposé des motifs qui le décident à déposer son mandat qu’en théorie la politique Smolka peut être la meilleure, mais que le pays, manquant d’unité et de force pour la soutenir, aurait tort de s’y engager. Une association nombreuse et composée de personnes notables vient de se former sous le nom de Club des résolutionistes afin de défendre à tout prix le programme national. Dans ces derniers temps, le mouvement d’opposition devient de plus en plus décidé. Comme toujours, lorsque l’opinion s’enflamme et se précipite avec force dans un même sens, ce sont les mesures extrêmes qui obtiennent le plus de popularité. M. Ziemialkowslti, naguère encore si appuyé par tous les partis qu’on pouvait le considérer comme le véritable représentant de la Galicie, est dépassé, considéré comme réactionnaire et inféodé au ministère allemand, lui qui, par dévoûment à la cause nationale, a subi l’exil et la prison. Sa politique, disent les journaux, même modérés, est celle de la peur, peur de la Russie, peur de l’Autriche, peur du-peuple. On lui oppose le mot de Palacky, rappelé récemment par M. Saint-René Taillandier : avant l’Autriche, nous existions, nous existerons après elle.

Lorsqu’on analyse les discours, les journaux et les brochures qui expriment les idées des Polonais en Galicie, il en ressort qu’ils sont décidés à soutenir les résolutions de la diète de 1868, mais que, quant aux moyens de les faire prévaloir, trois opinions se font jour, donnant lieu à la formation de trois partis. Il y a d’abord le parti des modérés, qui veut continuer à envoyer des députés au