HAZLITT
ARTISTE, MÉTAPHYSICIEN, CRITIQUE
Un témoin de l’époque d’Hazlitt, lord Lytton, a exprimé à propos de ce vif esprit le jugement suivant : « le premier intervalle de calme et de paix qui suivra les querelles politiques présentes fera revivre son nom, et confirmera sa réputation[1]. » La plupart des grands écrivains anglais de ce siècle ont joui de leur gloire avant de disparaître de la scène. Un peu plus tôt, un peu plus tard, ils ont eu leur jour, ils ont obtenu justice. Celui dont nous avons aujourd’hui l’occasion d’entretenir le public, un peu par sa faute, beaucoup par la rigueur des temps, n’a pas eu la même fortune. La grande renommée ne lui a pas fait défaut ; mais à chacune de ses brillantes journées les hasards du champ de bataille de l’opinion attachèrent quelque blessure. Jamais sa réputation ne brilla sans nuages. Il était libéral, radical même ; cependant il n’était pas agréé des chefs de son parti : de celui-ci parce qu’il méprisait les sectes, de celui-là parce qu’il se moquait des utilitaires. Il sentait vivement la poésie, et interprétait avec une sympathie convaincue les poètes nouveaux, en particulier Wordsworth, Coleridge et Southey ; les amis de ces
- ↑ Some Thoughts on the genius ot William Hazlitt.