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biens excédans [Ueberland) et à ceux qui se trouveraient hors des confins.

En l’absence d’héritiers, les biens reviennent à l’état, et sont employés soit à mieux doter des communautés déjà existantes, soit à en fonder de nouvelles. En effet, sans parler de familles qui parfois, de l’Herzégovine et de la Bosnie, se réfugient dans les confins, il arrive souvent qu’une zadrouga devienne trop nombreuse pour que la vie commune soit facile. La loi lui permet alors de se diviser en deux ou plusieurs groupes, pourvu que chacun de ceux-ci possède, comme minimum, un demi-lot de terre patrimoniale et puisse fournir au moins un soldat. Il advient aussi que, dans l’intérêt de l’ordre et de la paix, ce soit le régiment qui prenne l’initiative et conseille la séparation. D’ordinaire il faut que cette mesure soit désirée par le plus grand nombre des intéressés et approuvée par les hommes âgés. Sous la surveillance de ceux-ci, on procède au partage de l’actif social. S’il s’élève des discussions, un officier intervient pour les trancher. Quand l’un des nouveaux groupes est trop pauvre, le régiment lui abandonne parfois des terres tombées en déshérence.

Avions-nous tort de dire, en commençant à analyser la constitution des confins, que la loi de 1850, quand elle avait prétendu accorder aux soldats des confins un droit « de pleine et entière propriété, » ne les avait investis que d’un titre dérisoire? — Quelle différence, je dirais presque quel abîme, entre la propriété telle que la comprennent et la pratiquent tous les peuples civilisés et ce droit de jouissance subordonné à tant de restrictions et de contraintes! Ici, quoi qu’on en dise, c’est plutôt l’homme qui appartient à cette terre, dont il ne lui est pas permis de se détacher, que la terre à l’homme.


III.

L’armée des confins, telle qu’elle existait avant 1848, se divisait en deux groupes que partageait le Danube, et que séparaient aussi la race et la langue. Sur la rive gauche du fleuve, dans la Transylvanie et le banat de Temesvar, on avait des Magyars et des Valaques; sur la rive droite, tout le long de la Save et de ses affluens, des Serbes et des Croates. Depuis que les zeklers se sont dissous, le groupe oriental ne comprend plus que les régimens du banat de Temesvar. Le groupe occidental forme quatre districts militaires désignés sous le nom de districts de Slavonie, de Warasdin, de Banal et de Karlstadt. Le commandement supérieur de ces quatre districts a souvent été confié au ban de Croatie, et c’est même à cette circonstance que doit son nom la circonscription dite banale.