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Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 84.djvu/680

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ÉTUDES ET PORTRAITS
DU
SIÈCLE D’AUGUSTE

VI.
LE VERITABLE TITUS.


I

Tous les ans, à des époques régulières, des bandes de journaliers descendaient de la Gaule cisalpine et louaient leurs bras, pour le labour ou pour la moisson, aux grands propriétaires de la campagne de Rome. C’est ainsi qu’aujourd’hui les habitans des Abruzzes et de la Calabre se transportent en Sicile chaque été pour suppléer au petit nombre des cultivateurs. Au temps des guerres de Marius et de Sylla, un de ces vigoureux mercenaires se fixa dans le pays des Sabins, à Réate, et s’y maria. On l’eût fort étonné si on lui eût prédit que son arrière-petit-fils, revêtu de la pourpre des césars, commanderait à l’univers.

Le fils de ce Cisalpin, de ce Gaulois peut-être, s’appela d’abord Pétro. Il fut enrôlé dans les légions, servit sous Pompée, devint centurion. Le cep de vigne lui inspira de l’orgueil. Il allongea son nom, lui donna une physionomie romaine et devint Titus Flavius Petronius. Après la défaite de Pharsale, il prit la fuite et renonça aux armes, car le dévoûment à Pompée n’était pas un titre à la faveur de César. Il se fit commis de banque ; son titre d’ancien soldat inspirait assez de confiance pour qu’on le chargeât des recouvremens ;