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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1869.

Hier s’ouvrait enfin au Louvre la session législative ordinaire ou extraordinaire, et elle a été inaugurée par un discours impérial qui était attendu comme la révélation souveraine des directions nouvelles de la politique française. Il y a huit jours à peine, s’accomplissaient à Paris ces élections qui ont été l’intermède retentissant et peu sérieux de la prorogation. Il y a deux semaines, à la veille même des élections parisiennes, les députés de la gauche publiaient un manifeste qui a eu son heure d’importance, qui a été un acte au moment où il a paru, mais qui ne reste plus guère que comme l’expression confuse d’une transaction de circonstance. Ces trois faits, dont le premier et le plus récent est assurément le plus grave, résument une situation qui, après avoir flotté dans les ambiguïtés ruineuses d’un interrègne trop prolongé, va nécessairement se caractériser au feu des luttes parlementaires. L’heure est venue en effet où il faut que les camps se dessinent, que les opinions se groupent, que le sens des dernières transformations se dégage, qu’on aborde enfin un solide terrain d’action. Jusqu’ici, depuis trois mois, on a divagué, on a joué avec des fantômes, on a vécu un peu à l’aventure. Maintenant c’est le tour des affaires et d’une politique sérieuse. L’empereur a parlé selon ses vues, le corps législatif entre en scène avec les droits nouveaux qui lui sont assurés, et le pays attend un peu étonné, impatient surtout de voir une route ouverte à travers toutes les obscurités accumulées devant lui dans ces derniers temps.

L’empereur a parlé, disons-nous. Quelle est l’impression exacte que laissé ce discours d’hier, dont le retentissement commence à peine ? Certainement il porte la marque de celui qui l’a conçu. C’est le langage d’un esprit ferme, accoutumé à se reposer dans une imperturbable confiance, et qui a dû parler d’effusion en rappelant qu’il avait « le droit