Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commence à être familiarisé avec les plantes usuelles et à désirer des notions plus approfondies. L’auteur a d’ailleurs tout prévu. Les articles intitulés Herborisations et Herbier suffiront pour guider les premiers pas des futurs botanistes ; ils y trouveront l’énumération des houlettes, couteaux, serpettes et autres outils qu’il est bon d’emporter dans les excursions, la manière de cueillir les échantillons, enfin les renseignemens les plus précis et les plus détaillés sur les stations françaises et sur les moissons qu’on y peut faire. Comme l’a dit Fontenelle dans son éloge de Tournefort, « la botanique n’est pas une science sédentaire et paresseuse qui puisse s’acquérir dans le repos et dans l’ombre d’un cabinet, comme la géométrie et l’histoire ; elle veut que l’on coure les montagnes et les forêts, que l’on gravisse les rochers escarpés, que l’on s’expose au bord des précipices. Les seuls livres qui peuvent nous instruire à fond sur cette matière ont été jetés au hasard sur toute la surface de la terre, et il faut se résoudre à la fatigue de les chercher. »

Les sujets traités par M. Germain de Saint-Pierre sont très variés. Des articles d’une assez grande étendue sont consacrés aux questions générales qui agitent et passionnent en ce moment le monde savant : origine des espèces, transformation graduelle des êtres, génération spontanée, etc. D’un autre côté, l’auteur n’a point dédaigné de s’occuper des petits détails pratiques qui peuvent intéresser certaines classes de lecteurs : il donne des conseils sur l’éducation des fleurs d’ornement, il enseigne la manière d’éplucher les figues de Barbarie et celle de préparer les fraises au jus d’orange, — utile dulci. Plus de seize cents figures insérées dans le texte contribuent à l’utilité de ce livre, qui se recommande par sa disposition éminemment commode.

L’Histoire des plantes, par M. H. Bâillon, est un ouvrage de longue haleine ; il comprendra sept volumes, dont le premier seulement a paru. M. Baillon s’est proposé de décrire successivement toutes les familles végétales connues, en les partageant en séries ou tribus. Chaque série débute par l’étude approfondie d’un type principal, ce qui permet d’éviter des répétitions oiseuses dans la caractéristique des autres genres de la même série. Après la description des séries vient l’histoire sommaire de la famille entière, l’indication de ses affinités, de sa distribution géographique, des propriétés économiques ou médicinales des plantes qu’elle renferme. On voit combien est vaste le programme que s’est tracé l’auteur ; heureusement qu’il est de taille à le remplir.

M. le docteur Cordier a choisi un sujet plus restreint. Dans un ouvrage accompagné de splendides chromolithographies, il a présenté l’histoire complète des champignons de la France. Après les généralités indispensables sur l’organisation et sur le mode de reproduction de ces importans cryptogames, il indique les moyens de distinguer les espèces vénéneuses des espèces comestibles, de tirer parti des dernières et de se garantir des terribles effets des premières. M. Cordier donne des