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du père, de la mère et des enfans, ceux-ci sont intéressés dans l’exploitation, et quand ils quittent le domaine pour se marier ou pour une autre raison, on liquide leur part et on la leur remet, ordinairement en objets mobiliers. C’est le capoccio qui entre en rapports avec le propriétaire ou l’administrateur, fattore. C’est en son nom que se font et se traitent toutes les affaires. Les relations du métayer et du propriétaire ont été, jusqu’à ces derniers temps, des plus simples et des plus patriarcales. Il existe entre eux un compte courant qui se résume par une créance en faveur tantôt d’une partie, tantôt de l’autre. Le propriétaire est le banquier du métayer, soit qu’il lui fasse des avances, soit qu’il garde les sommes que le paysan a épargnées. Les règlemens de compte se font à la fin de chaque année. On détermine la créance ou la dette du métayer, on l’inscrit sur le livre d’administration du propriétaire et sur le livret du capoccio ; la créance ou la dette résultant de ces comptes ne porte aucun intérêt. Le métayer, qui se défie des valeurs mobilières, laisse généralement tout l’argent qui lui est dû entre les mains du propriétaire, et quelquefois il se trouve ainsi créancier de son maître pour plusieurs milliers de francs. D’un autre côté, le propriétaire ne refuse presque jamais de faire au paysan des avances souvent considérables. Quand un métayer venait à mourir, laissant une femme et des enfans en bas âge, il était très rare autrefois que le propriétaire leur enlevât la métairie ; il la faisait exploiter au moyen de domestiques de ferme (garzoni), supportait tous les frais de la culture et de l’entretien de la famille, se créditant seulement à son compte courant de toutes les sommes qu’il dépensait ainsi ; plus tard, les enfans devenus adultes remboursaient peu à peu au propriétaire toutes ces avances. Ces mœurs d’une grande simplicité et d’une grande honnêteté tendent à disparaître. Les créances nombreuses du propriétaire sur les métayers sont en effet d’un recouvrement difficile et parfois impossible. D’un autre côté, le paysan, qui commence à avoir plus d’instruction et de connaissances, se soucie moins de laisser sans intérêts, dans les mains du propriétaire, des sommes qu’il pourrait aisément faire fructifier lui-même. Pour la direction de la culture, les rapports du propriétaire et du métayer sont régis par les usages plus que par les lois. Dans ces derniers temps, il arrivait plus souvent qu’autrefois que le désaccord s’élevât entre les deux parties, le propriétaire, homme plus éclairé, plus progressif, voulant introduire des procédés nouveaux, auxquels se refusait le paysan, pour la préparation de l’huile ou du vin, par exemple. Ces dissensions assez fréquentes ont porté un coup à l’institution du métayage.

Les collines et les vallées de la Toscane sont excessivement