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directement utiles à l’homme, qui doit dans ce cas en favoriser le développement, tantôt nuisibles, — à son point de vue, — et il doit alors s’efforcer d’en étouffer les germes. Si, comme on peut l’admettre, les très petits êtres animés, agglomérés avec leurs sécrétions organiques et minérales, constituent la masse entière des grands végétaux ; si, comme on est disposé à le croire aujourd’hui, un grand nombre d’affections morbides transmissibles au contact ou même à distance sont dues à d’imperceptibles microphytes ou microzoaires qui flottent dans l’air, on comprendra tout l’intérêt que peut offrir l’étude activement poursuivie de ces corpuscules inconnus des anciens et qu’à peine nous révèlent nos plus puissans microscopes.

Tout en ignorant les causes prochaines d’une foule de maladies, les anciens avaient deviné juste en les attribuant à l’influence de l’air. Hippocrate a dit : Plus œquo humectans, plus œquo resiccans, aer est omnium morborum causa. Sans aucun doute, l’air trop sec compromet la santé en enlevant une partie de l’eau qui est nécessaire pour entretenir la souplesse de nos tissus et les fonctions de nos organes ; l’excès d’humidité est plus nuisible encore, parce qu’elle entrave la respiration ; mais ce qu’on ne savait pas du temps d’Hippocrate, c’est que les mauvais effets coïncidant avec tel état de l’atmosphère sont très souvent dus au développement d’un monde d’êtres microscopiques. C’est l’étude approfondie de ces êtres qui très probablement nous mettra en état d’expliquer la plupart des maladies endémiques, épidémiques, infectieuses ou contagieuses. Quelques exemples feront mieux comprendre toute l’importance de ces recherches.

On admet généralement aujourd’hui que la teigne est produite par un favus, l’achorion, qui attaque les follicules pileux du cuir chevelu. Si elle exerçait autrefois tant de ravages, surtout parmi les enfans de la population misérable, c’est que, faute des soins hygiéniques qui entretiennent la transpiration, les sécrétions accumulées sur la peau offraient comme un terrain propre au développement de la végétation parasite, dont les spores propageaient le mal en se disséminant dans l’air. Depuis que les préceptes de l’hygiène sont mieux compris et plus généralement appliqués, la teigne a disparu, du moins sous sa forme endémique. On ne devrait jamais oublier que, dans tout ce qui intéresse la santé, les riches sont solidaires des pauvres, puisque le malaise de ces derniers finit toujours par réagir sur les premiers. C’est là un enseignement qui se dégage surtout de l’histoire des maladies contagieuses.

Toute une série d’affections analogues à la teigne sont attribuées avec beaucoup de vraisemblance à des champignons parasites tels