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en Angleterre, M. Lecoq en Hollande, MM. Reynal, Bouley, Imlin en Allemagne. MM. Leblanc père et Pommeret eurent pour mission d’examiner les animaux suspects dans le département du Nord et d’en ordonner l’abatage s’il y avait lieu. Grâce à ces précautions, la France a été préservée du typhus.

Si nous en croyons le docteur Salisbury, les spores de certaines algues d’eau douce donnent la fièvre intermittente, elles assertions de ce médecin sont confirmées par le botaniste Ch. Morren et par le docteur Hannon. Il est assez probable que les émanations malsaines des eaux stagnantes, ces terribles miasmes qui rendent si dangereux le séjour dans les contrées paludéennes, ne sont autre chose que des germes de cryptogames qui infectent l’eau et l’atmosphère. Dans les maremmes de l’Italie, les fièvres paludéennes font chaque année plus de 60,000 victimes, et les deux tiers des Européens qui meurent sous les tropiques succombent à des maladies causées par les miasmes pestilentiels des marais. Les mauvais génies qui habitent ces lieux maudits et qui semblent en défendre l’accès, la science les a dévoilés : ce sont des myriades de végétaux imperceptibles qui envahissent nos organes, qui s’y développent à nos dépens, et contre lesquels nous n’avons pas d’armes. Dessécher les marais, c’est donc forcer l’ennemi dans ses retranchemens, et c’est rendre la vie à des populations dégénérées, épuisées par une lutte sans issue possible.

D’après les importantes recherches de M. Ernest Hallier, publiées en 1867, le choléra asiatique serait lui-même au nombre des maladies endémiques causées par des végétaux rudimentaires : il serait dû à un champignon microscopique qui envahit le riz. Robert Tytler, qui se trouvait dans l’Inde en 1817, à l’époque de la grande épidémie de choléra, chercha en effet l’origine de la maladie dans l’usage du riz gâté. M. Hallier, ayant arrosé avec des déjections de cholériques du riz qui germait, y a vu se développer un champignon particulier dont les filamens brillans pénétraient dans la plante. De son côté, le docteur Thomé est parvenu à constater dans les déjections des malades la présence de sporules d’une ténuité extrême (1 millième de millimètre), doués de mouvemens propres et susceptibles de produire un mycélium et l’organisme complet d’un champignon qui se rapproche de l’oïdium ; on en a fait une nouvelle espèce sous le nom de cylindrotœnium. Aucun agent n’a pu jusqu’ici tuer ce champignon dans l’intérieur des organes, il faut se borner à l’évacuer par les moyens ordinaires ; mais il y aurait un grand intérêt sans doute à en détruire la vitalité dans les déjections par une température de 100 degrés ; un jet de vapeur d’eau y suffirait, et l’on ferait cesser ainsi une des causes présumées de la