Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/592

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


JEAN CHRYSOSTOME
ET
L’IMPÉRATRICE EUDOXIE

La mort de Chrysostome et d’Olympias.[1]

I.

L’hiver de 404, si funeste à la santé de Chrysostome, avait été néanmoins un hiver doux pour ce rude climat ; celui de 405 s’annonça de bonne heure avec une rigueur excessive. Dès le milieu de l’automne, les frimas avaient tout envahi, montagne et plaine, et la contrée était comme ensevelie sous un vaste linceul de neige. Chaque habitant resta cloué dans sa maison pour échapper au vent glacial qui commençait à souffler. Ce premier blocus fut bientôt suivi d’un second plus incommode encore et plus dangereux, le blocus de la ville par les Isaures, dont les bandes parurent dans la plaine, isolées d’abord, puis de plus en plus fortes et nombreuses. Les maisons de plaisance étaient pillées, les fermes incendiées, le bétail enlevé, et l’on ne pouvait s’éloigner à quelque distance de la ville, pour vaquer à ses affaires, sans courir risque d’être volé ou tué. Un notable citoyen de Cucuse trouva la mort en se défendant, et deux nobles dames, surprises probablement dans leurs villas, furent em-

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1869 et du 1er janvier 1870.