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Comme on ne s’expliquait point alors chez un mammifère de cet ordre la faculté de ne respirer qu’à des intervalles très éloignés, une asphyxie semblait possible. On cessa de s’en préoccuper quand on eut la conviction que l’hippopotame demeurait au fond de l’eau parce que tel était son agrément, et désormais on ne douta plus de l’existence de certaines dispositions organiques propres à l’animal amphibie. L’occasion de les étudier s’offrit plus tard. Le premier hippopotame était un mâle ; il vint une femelle, et de leurs relations naquirent des enfans ; plusieurs moururent, et Gratiolet, le professeur dont la parole a charmé tant d’auditeurs, se livra sur eux à une recherche sérieuse. Cette recherche a permis d’expliquer comment, chez l’hippopotame, l’asphyxie ne se produit qu’après une longue suspension de la respiration. Plusieurs remarquables dispositions des veines obligent le sang à s’accumuler sur place, à ne pas faire un brusque retour au cœur, à ne pas arriver en grande abondance aux poumons. De la sorte l’animal, soustrait à une imminente congestion du cerveau, des yeux, des poumons et même des muscles, conserve la liberté de ses mouvemens.

Les chauves-souris, les jolies petites perruches appelées les inséparables, d’après l’idée d’un besoin d’affection chez ces charmans oiseaux, les agapornis des zoologistes, s’accrochent par les pattes et dorment la tête en bas. Dans cette position, la plupart des animaux seraient frappés de congestion cérébrale. Pareil accident n’est à craindre ni pour les chauves-souris, ni pour les petites perruches. On comprend la possibilité d’une attitude peu ordinaire chez ces animaux dès l’instant que l’on a observé le nombre et la disposition des valvules des veines de la tête et des parties antérieures du corps. La différence énorme qui existe dans la puissance et la rapidité du vol des oiseaux est bien connue. Le faisan, la perdrix, ont un vol lourd et peu soutenu ; le moineau n’est pas des mieux favorisés ; l’aigle, le faucon, les mouettes au contraire, sont merveilleusement doués sous le rapport du vol. Qui n’a, pendant les belles soirées, admiré les vertigineuses évolutions de la grande hirondelle ? Sans doute les dimensions relatives des ailes, la forme générale du corps, permettent déjà de se rendre compte, dans une certaine mesure, de la facilité plus ou moins grande des mouvemens chez les oiseaux ; mais le partage inégal de la puissance de locomotion n’est pas dû seulement aux proportions du corps et des membres, il provient aussi de l’étendue de l’appareil respiratoire et de l’énergie de la circulation du sang. Si un faisan était entraîné dans la course d’un faucon, un moineau dans celle d’un martinet, le malheureux faisan, le pauvre moineau, seraient tout de suite essoufflés, et bientôt ils tomberaient inertes. Chez les oiseaux, la capacité des réservoirs aériens est toujours dans un rapport parfait avec le degré d’activité,