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mon est sérieusement instructif, et, en paraissant ne toucher qu’aux finances, il laisse entrevoir réellement la marche, les inspirations, les procédés de ce gouvernement honnête et sensé qui dans la politique extérieure a eu pour organe un duc de Richelieu, dans la politique intérieure un de Serre, un Decazes ou un Martignac, et dont les finances ont été conduites successivement par M. le baron Louis, M. Corvetto, M. de Villèle, M. Boy. La restauration a commencé sous le poids d’un désastre public, ce fut son malheur, non sa faute ; elle a mal fini, et cette fois ce fut sa faute avant d’être son malheur ; mais, chose remarquable, si en politique elle n’a pas échappé aux pièges de l’esprit de réaction et aux conséquences de la plus imprudente des luttes contre toutes les tendances de la société moderne, elle n’est pas moins restée, au point de vue financier, ce que M. Calman appelle justement une « période de bon ordre et de bonne administration. » Le crédit public fondé, le contrôle des chambres établi, la lumière et la bonne foi introduites dans le régime administratif, la fortune de la France réparée et relevée en quinze ans après les plus effroyables épreuves de la guerre et des invasions, c’est là un bilan financier comme n’en laissent pas toujours même des gouvernemens plus heureux, et nos ministres peuvent lire avec fruit cette histoire où ils trouveront le goût sévère de la régularité, l’art de faire beaucoup sans recourir à des moyens démesurés. Le temps et les conditions de l’économie publique changent sans doute. Nos budgets ont franchi le premier milliard, que les budgets de la restauration n’avaient pas atteint encore, ils ont dépassé le deuxième milliard, et ils sont en marche vers le troisième, si l’on ne s’arrête pas. Les combinaisons du crédit sont infinies ; les travaux publics ont pris des proportions qu’ils n’avaient pas autrefois. Tout change et grandit ; il n’y a qu’une chose qui est ou qui devrait être de tous les temps, — c’est la prévoyance, c’est la sagesse, qui, dans les finances comme dans la politique, reste la sûre et modeste conseillère à laquelle on ne fausse pas impunément compagnie.

CH. DE MAZADE.

LA MADONE DE PÉROUSE AU LOUVRE.
AU LOUVRE

N’est-ce pas une nouveauté à peu près sans exemple que de voir exposé dans une salle du Louvre, au centre de nos collections, un tableau qui n’en fait pas partie et qui n’est là qu’à titre de dépôt et par admission temporaire ? Le fait semble un peu moins étrange quand on apprend que ce tableau passe à bon droit pour être l’œuvre de Raphaël,