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courant, et me demanda si je voulais voir les grottes. — On prétend, lui répondis-je, que ce n’est pas possible.

— Ce n’est pas possible par là, reprit-elle ; mais par l’entrée, plus haut, si le cœur vous en dit ?

Je la regardai ; elle avait seize ou dix-sept ans. Avec sa fraîcheur un peu aigre de ton et ses cheveux d’un rouge cuivreux, elle n’était pas jolie, mais elle avait ce type de douceur et de franchise résolue qui m’avait frappée dans plusieurs types du pays. Comme elle n’était guère plus grande ni plus robuste que moi, je pensai pouvoir bien passer où elle passerait, et j’acceptai sa proposition.

Je la suivis sur le sentier, et nous montâmes à l’ouverture supérieure. — Comment verrons-nous à nous conduire là dedans ? lui dis-je.

— Je sais, répondit-elle, où on met les torches, et nous en prendrons deux. Vous déposerez le prix ici, dans ce creux, c’est le profit des guides quand ils sont là. Et puis nous trouverons les grottes éclairées, on y travaille.

Nous entrâmes dans les ténèbres avec nos torches, dont la fumée nous aveuglait. Nous n’avions pas fait trois pas que deux vieilles, sordides et vraiment effrayantes, nous barrèrent le passage avec un sale ruban bleu étoile d’or fané. Je pensai que c’était quelque tentative d’initiation à la cabale, car je n’ai jamais vu de sorcières mieux caractérisées. — Donnez-leur deux sous, et qu’elles nous laissent tranquilles, me dit Élisabeth ; c’était le nom de mon jeune guide femelle.

Je donnai dix sous pour me faire expliquer le mystère. C’était une pratique religieuse, catholique, il n’est pas besoin de le demander, puisqu’il fallait payer. En passant sous ce ruban consacré à la Vierge, on était assuré de ne pas tomber dans les précipices qui s’ouvrent à chaque pas dans les grottes. Je dois vous dire que le propriétaire de la montagne, qui spécule sur la curiosité, ne permet plus aux pieuses sorcières de se tenir à l’entrée, parce que leur cérémonie effraie les voyageurs. Elles profitaient, de ce qu’il n’y avait pas encore de surveillance, et, m’ayant aperçue, elles avaient quitté à la hâte les chèvres qu’elles gardaient pour me soumettre à leur misérable impôt.

Pendant longtemps, nous marchâmes péniblement sur la roche glissante sans voir autre chose que des passages étroits et des stalactites noires sans effet et sans grandeur. Je regrettais d’avoir entrepris une promenade désagréable tout à fait dépourvue d’émotion ; mais au bout d’une heure environ nous entrâmes dans le chaos Les parois qui m’oppressaient s’écartèrent, le sol se creusa rapidement, des espaces sombres que les torches remplissaient d’une brume rougeâtre s’ouvrirent tantôt sous mes pieds, tantôt sur ma