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grande résolution imminente : on avait présenté une loi pour régler le mode d’élection du souverain. Une commission voyageait sans cesse de Madrid à Logrono pour offrir la couronne au vieux Espartero, qui avec un bon sens invincible s’obstinait à la refuser. Le duc de Montpensier et ses amis s’agitaient. D’un autre côté, les événemens de Portugal avaient laissé une singulière impression d’incertitude et de mystère ; on se souvenait qu’à la veille de ces événemens l’ambassadeur d’Espagne à Paris, M. Olozaga, était arrivé à Madrid, où s’était rencontré aussi le ministre espagnol à Lisbonne. Qu’allait-il sortir de tout cela ? Vraiment il n’en est rien sorti, et il est probable qu’il n’en sortira rien, qu’on restera encore dans cet état assez curieux qui n’est ni la monarchie ni la république. C’était peut-être là tout simplement qu’on en voulait venir. À travers toutes les obscurités, il est certain que depuis quelque temps il s’est manifesté une impatience énergique d’en finir avec un provisoire où le pays s’énerve, et c’est pour donner satisfaction à cette impatience qu’avait été présentée une loi réglant le mode d’élection d’un souverain ; mais en même temps il y a un autre sentiment tout aussi énergique : c’est le besoin de n’en pas finir, et c’est à ce sentiment qu’a répondu un amendement présenté aux cortès pour exiger que le roi ne pût être choisi qu’à la majorité absolue de l’assemblée totale, non des seuls membres présens. L’amendement a été adopté, et la majorité exigée est au moment présent à peu près impossible à obtenir pour un candidat quelconque, de sorte qu’on s’est trouvé plus que jamais entre l’impatience de sortir du provisoire et l’impossibilité d’en finir. Là-dessus est arrivé le général Prim déclarant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il avait pu, qu’on s’était adressé à quatre princes, qu’on n’avait pu trouver le vrai roi que l’Espagne attend, mais que certainement on le trouverait d’ici à trois mois, — après quoi il ne reste plus évidemment qu’à accepter cet augure. D’ici à trois mois, qu’arrivera-t-il ? Le général Prim parlera sans doute à cette époque avec tout autant de clarté qu’aujourd’hui. ch. de mazade.


REVUE MUSICALE.

Nous avons assez souvent parlé de Weber aux lecteurs de la Revue pour n’avoir pas besoin de revenir sur l’admiration que nous inspire le plus populaire de ses trois chefs-d’œuvre. C’est dire que nous sommes de ceux qui se plaignent lorsqu’on les prive d’entendre le Freyschütz, qui veulent qu’il y ait à Paris au moins un théâtre où de pareils témoignages du génie humain soient conservés pour l’édification continuelle du public, comme pour l’enseignement de cette classe si intéressante de jeunes musiciens à laquelle c’est bien aussi montrer de la sympathie que de tenir la grande école ouverte en permanence ; mais une fois le principe