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ruption rouvrent les fissures, et facilitent l’échappement des gaz et des matières incandescentes.

3o Les gaz qui se répandent soit par les fissures, soit par le cratère ; ils sont de deux sortes, les uns inflammables au contact de l’air et produisant des jets subits de flamme, l’hydrogène et le carbure d’hydrogène par exemple ; les autres, plus lourds que l’air, tendant à descendre sur le sol, mortels pour quiconque les respire : tels sont, par ordre de densité croissante, l’acide chlorhydrique, l’acide sulfureux et l’acide carbonique ; chaque fissure a son gaz particulier. L’abondance du gaz acide carbonique est surtout dangereuse : il asphyxie tous les êtres animés, et n’est pas moins redoutable lorsqu’il sort de l’eau. M. Sainte-Claire Deville a mesuré la quantité de ce gaz qui s’échappait du lac des Palici, en Sicile ; il a trouvé 96 et 98 pour 100. La même expérience faite à Vulcano lui a donné 86 pour 100, et dans la grotte du Chien 78 pour 100.

4o La vapeur d’eau que chasse une incalculable pression ; elle se résout en pluies torrentielles par un refroidissement subit, inonde le cône. Malheur aux villes situées dans des vallées qu’atteint alors l’inondation !

5o Les éclairs que produisent ces vapeurs et ces nuées chargées d’électricité contraire. Le bruit est moins fort que celui de la foudre dans un simple orage, mais les éclairs sont plus grands et se prolongent avec plus d’éclat. Les décharges multipliées de l’électricité s’ajoutent ou succèdent aux jets de flammes des gaz inflammables.

6o Les cendres, corps pulvérisés par la violence du feu et réduits à un tel état de légèreté qu’ils sont emportés par le vent à des distances considérables. La cendre a été portée jusqu’à Rome en 79. Dans l’éruption de 1822, Castellamare a été couvert d’un pied de cendre ; dans celle de 1861, la cendre a jonché les rues de Naples comme de la neige. Tous les ans, du reste, nous voyons le simoun transporter le sable du désert, qui est bien plus dense et bien plus pesant que la cendre, jusque sur le littoral de l’Afrique et même en pleine mer.

7o Les pierres à l’état incandescent, qui retombent comme des projectiles lancés par un obusier sur le cône même ou au pied du cône. Le 8 août 1779, le village d’Ottoiano fut ainsi bombardé par une pluie de pierres enflammées qui mirent le feu à plusieurs maisons.

8o Les innombrables pierres ponces, tuf léger, poreux, réduit en petits morceaux, qui est porté au loin et retombe pour former des bancs considérables. Les savans sont divisés sur l’origine de ces pierres ponces, que les Italiens appellent lapilli ou rapilli. Les uns croient que c’est la lave du cratère, percée de mille trous par la