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REVUE DES HOMMES.

avancera dans la colline, plus la couche sera épaisse. Aujourd’hui la tranchée a 11 mètres de hauteur, elle en aura 12, puis 15, 20 peut-être quand on entrera dans la profondeur du massif, de sorte qu’à chaque mètre superficiel de terre correspondront 12, 15, 20 mètres cubes de cendres. Où porter ces cendres ? Dans la mer ? mais elles seront rejetées par les vagues et produiront des atterrissemens regrettables. Sur des points sacrifiés ? mais on formera bientôt des montagnes qui entraveront un jour l’extraction, comme elles l’entravent sur deux côtés de Pompéi. L’esprit ingénieux et prévoyant de M. Fiorelli saura triompher de ces difficultés. De même qu’à Pompéi un chemin de fer transporte les pierres ponces au loin dans la plaine, de même des wagons jetteront les cendres d’Herculanum soit dans un ravin inutile, soit sur une plage basse, soit dans des carrières de lave abandonnées. Pourquoi, lorsqu’on est si près de la mer, ne pas établir sur la côte un dépôt de ces cendres, tant recherchées dans d’autres pays ? Pourquoi ne pas les offrir, gratuitement d’abord, aux spéculateurs qui voudront les enlever sur des barques, ou même les exporter sur des navires ? Ce que la compagnie de l’isthme de Suez a fait à Santorin, une autre compagnie ne peut-elle le faire à Résina ? Ces cendres ne sont-elles pas un engrais excellent, plein d’oxydes alcalins et de débris favorables à l’agriculture ? Sont-elles différentes de la pouzzolane, qui donne des mortiers et des enduits si renommés ? La seule opération du transport rendra cette pouzzolane plus meuble et plus fine, car, lorsque les wagons la précipitent en talus, elle se tamise naturellement, laissant rouler plus bas les pierres ou les scories qui s’y trouvent mélangées ; l’exploitation n’en sera que plus avantageuse pour l’industrie.

Une somme de 80 000 francs est inscrite chaque année au budget pour l’entretien du musée de Naples et les fouilles de Pompéi. On n’ose demander au parlement italien d’augmenter cette somme et de la porter, par exemple, à 100 000 francs. Il convient d’attendre un état des finances plus prospère. À ces 80 000 francs s’ajoute l’impôt perçu sur les visiteurs, qui a produit en 1869 plus de 40 000 fr. ; mais une inégalité choquante prouve dans quelle défaveur est aujourd’hui Herculanum. On a recueilli près de 39 000 fr. à Pompéi et moins de 2 500 francs à Herculanum, ce qui nous apprend, comme chaque entrée est de 2 francs, que 19 500 personnes éprouvaient le désir d’étudier Pompéi, tandis que 1 250 seulement consentaient à regarder Herculanum. En d’autres termes, le nombre des visiteurs a été quinze fois moins considérable dans un lieu que dans l’autre. Cette disproportion disparaîtra dès que les fouilles seront reprises vigoureusement à Herculanum. La nouvelle des premières découvertes excitera la curiosité publique. Herculanum étant