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LE RÉGIME MUNICIPAL DES VILLES.

les exemples instruisent. Sans doute une telle manière d’agir a l’inconvénient de laisser durer les abus ; mais en Angleterre, au siècle où nous sommes, les abus ne sont pas à leur aise entre la justice, qui les réprime sur la plainte du premier qui en souffre, et la publicité, qui les poursuit de ses lumières. Le régime municipal de Londres subira certainement bientôt l’effet de cette influence, car la presse et l’opinion ne cessent de demander de sérieuses modifications dans l’organisation municipale de la métropole. Les plaintes ont été si graves qu’un comité d’enquête parlementaire a été formé pour les examiner, en 1861, sous la présidence de M, Ayrton. Une association pour l’amélioration des institutions municipales de la métropole (association for promoting the better local government of the metropolis) a pris une grande part au mouvement de réforme, et les rapports de son actif secrétaire-général, M. James Beal[1], résument nettement les reproches adressés à l’état de choses actuel.

La législation, composée d’environ soixante-dix actes du parlement, est un véritable dédale. La ville est divisée en une infinité de circonscriptions et de juridictions sans aucun rapport entre elles : quarante-sept pour les naissances, cinquante-six pour les bâtimens, dix-neuf pour la police, quinze pour la milice, quatorze pour la justice, etc., etc. Des taxes énormes sont levées sans aucune proportion raisonnable et sans aucune représentation régulière. Dans six paroisses, le poor rate est plus élevé que le county rate, il est moins élevé dans neuf, égal dans sept. Il y a plus de 1,000 agens des comtés entre lesquels Londres est divisé, près de 2,800 membres des vestries et autant de guardians de la taxe des pauvres. Le bureau métropolitain, créé en 1858, devient peu à peu une autorité centrale, mais sans caractère municipal, sans pouvoirs bien définis, avec d’incroyables inégalités entre les intérêts, les étendues, les populations représentées par ses membres, Les vestries n’ont pas de vraie vie municipale ; nul ne s’intéresse aux élections qui les constituent, et les membres des districts voisins ne s’entendent presque jamais pour une action commune. La Cité, les vestries, le bureau métropolitain, ont des dettes énormes, et l’administration est coûteuse sans être efficace, car les égouts, le pavage, l’éclairage, le nettoyage, la distribution des eaux, sont dans un état déplorable, au moins en dehors des beaux quartiers ; enfin aucun ordre n’est suivi dans les grands travaux de la voie publique.

Pour mettre de l’ordre dans cette confusion, sir George Lewis dès 1854 et M. Stuart Mill depuis ont proposé de faire de Londres une seule corporation municipale, de la partager en neuf bourgs à

  1. Novembre 1867.