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de détail, elle prend rang parmi les meilleures peintures monumentales que notre école ait produites depuis le jour où M. Lenepveu achevait de décorer l’autre partie du transept dans cette même église de Sainte-Clotilde, et où M. Hesse livrait au public sa belle chapelle dans l’église de Saint-Gervais.

En entreprenant de compléter dans la nef de Saint-Germain-des-Prés le travail interrompu par la mort de son noble frère, M. Paul Flandrin s’imposait assurément une tâche difficile, mais à laquelle il était préparé mieux que personne par toutes les habitudes de l’intelligence et par tous les dévoûmens du cœur. Tant d’études et d’efforts poursuivis en commun, tant de souvenirs aussi inséparables des progrès de leur talent que des débuts ou des phases successives de leur existence, tout avait si étroitement uni les deux frères, si bien confondu leurs âmes jumelles que, même en disparaissant de cette terre, l’un devait se continuer et comme se survivre dans l’autre. C’est donc encore, à vrai dire, la pensée d’Hippolyte Flandrin que traduisent les deux nouvelles peintures servant de conclusion à la série des sujets représentés autrefois par lui, — bien que de ces deux compositions la première seulement, l’Ascension, soit conforme à certaines indications retrouvées après la mort du maître, et que, pour la seconde, aucune esquisse, aucun croquis même n’ait pu servir de point de départ et constituer une donnée, si sommaire qu’elle fût. Hippolyte Flandrin se proposait de clore par les Préliminaires du jugement dernier l’histoire des faits sacrés qu’il avait déroulée sur les murs de la nef. M. Paul Flandrin le savait ; mais pour mettre en œuvre cette intention, pour deviner les formes d’expression qu’aurait choisies son frère, il n’avait plus maintenant que ses propres instincts à interroger. En s’écoutant ainsi lui-même, il a entendu la voix de l’absent et reçu de sa chère mémoire des secours directs et de bons conseils. L’austère simplicité avec laquelle la scène se compose et s’explique, — l’éloquence de ce trône vide que le souverain juge va tout à l’heure occuper, tandis que deux anges calmes comme la force, inexorables comme la justice, gardent les avenues du divin tribunal, et attendent l’heure d’y traduire toutes les races et tous les siècles, — en un mot ce mélange de grandeur sans ostentation et de science sans pédantisme qui caractérise la manière d’Hippolyte Flandrin se retrouve ici, presque avec la même évidence que dans les œuvres signées de son nom. Ce n’est pas un médiocre honneur pour celui qui reprenait le pinceau tombé d’une pareille main que d’avoir su en respecter aussi pieusement les coutumes, en poursuivre, en renouveler aussi bien les travaux.

Les peintures récemment terminées par M. Sébastien Cornu dans cette même église de Saint-Germain-des-Prés ne se rattachent pas