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Cette fortune est bien moins importante aujourd’hui, quoique depuis cinquante ans elle ait été augmentée par des legs considérables. A consulter les documens officiels les plus récens, on voit que le patrimoine actuel de l’assistance publique est représenté par un revenu de 3,247,600 fr., auxquels on doit ajouter 673,258 fr. de rente affectés à six fondations spéciales ; le total des biens appartenant en toute propriété aux hospices, ainsi que l’on disait autrefois, ne produit donc annuellement que 3,870,858 francs. — Dans cette somme, les revenus immobiliers figurent pour 1,686,340 fr., les intérêts de capitaux placés pour 458,832, les rentes sur l’état, avec ou sans affectations, pour 1,102,428. Restent les fondations, dont il importe de dire un mot, ne serait-ce que pour parler de ces hommes de bien qui ont eu pitié des pauvres et les ont faits leurs héritiers. — Montyon, dont on est certain de rencontrer le nom toutes les fois qu’il s’agit d’une œuvre de bienfaisance, lègue 281,630 fr. de rente qui doivent être employés à secourir les convalescens à leur sortie de l’hôpital ; vient ensuite Brézin, qui laisse un gros capital dont le revenu de 190,233 francs est réservé à l’entretien d’un hospice destiné aux artisans métallurgistes : Brézin, ancien ouvrier, avait fait sa fortune comme serrurier-mécanicien-fondeur, et il voulut y faire participer après sa mort ceux qui pendant sa vie l’avaient aidé à l’acquérir ; Lambrechts, qui fut sénateur et libella l’acte de déchéance de Napoléon Ier, fonde par testament à Courbevoie un asile pour les protestans et y affecte une rente de 48,093 francs ; Boulard, tapissier enrichi, consacre 20,804 francs de rente à établir une maison de retraite où sont reçus douze ouvriers tapissiers âgés, infirmes ou malheureux ; Devillas, ancien négociant, spécifie que les 31,000 livres de rente qu’il abandonne aux pauvres seront employées à un hospice situé à Issy, et où 35 indigens de soixante-dix ans accomplis trouveront la subsistance et l’abri. Tous les biens légués par ces fondateurs ont une destination particulière qu’il n’est point permis de modifier ; l’assistance publique en a donc moins la propriété que l’administration.

À ce revenu médiocre et insuffisant on peut ajouter 6,366,872 fr. que l’administration retire des frais de séjour dans divers, hôpitaux ou hospices (940,000), de la vente faite dans les établissemens de service général (3,808,388), du prix de journées des aliénés traités pour le compte du département de la Seine (1,184,434), des frais de séjour et d’habillement des enfans assistés à payer par le département (442,050) ; mais ce ne sont que des recettes d’ordre qui représentent le remboursement des dépenses faites, et l’assistance n’en retire rien en réalité. Elle trouve des ressources sérieuses dans les produits intérieurs des hôpitaux et de certains hospices