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mais ce ne sont pas les seuls. Si la terre à sa surface avait partout le même aspect et les mêmes accidens, les jours et les climats seraient disposés dans un ordre régulier de l’équateur au pôle. On passerait à l’aide d’insensibles transitions de l’extrême chaleur à l’extrême froid, du jour constant de douze heures au jour semestriel du 90e degré. Il suffirait dès lors de savoir la latitude d’un lieu pour en connaître le climat. Il est très loin d’en être ainsi dans la réalité ; les terres et les mers, les déserts froids ou brûlans, les plateaux élevés, les bassins intérieurs, les chaînes de montagnes et les fleuves sont distribués de la façon la plus irrégulière, et de cette irrégularité naissent des influences de toute sorte qui aggravent ou corrigent, effacent ou modifient profondément les effets de la latitude, c’est-à-dire dérangent les climats astronomiques et normaux pour en créer d’artificiels plus ou moins différens des premiers. Les courans atmosphériques et les courans marins constituent les plus puissantes de ces influences combinées. Ils ont pour résultat d’empêcher les lignes isothermes, c’est-à-dire celles qui passent par les lieux dont la température est la même, de coïncider avec les parallèles, et leur font décrire les courbes les plus capricieuses. Il suffit de l’existence, dans l’Océan-Atlantique, d’un courant d’eau chaude, le gulf-stream, pour relever tous les isothermes le long des plages exposées à son influence et les reporter de 10 degrés plus au nord, tandis qu’on les voit s’abaisser en sens inverse dans l’intérieur des deux continens. Il existe une très grande différence entre les climats maritimes, c’est-à-dire ceux des terres que la mer baigne, et les climats continentaux, c’est-à-dire ceux des régions méditerranéennes. Les premiers sont exempts de saisons extrêmes, les conditions tendent à s’y égaliser ; l’humidité y est plus constante et la chaleur plus modérée. Les climats continentaux sont au contraire excessifs, les hivers y sont froids et les étés brûlans, les pluies y sont rares ou intermittentes. Certaines contrées, comme le Sahara, l’Arabie déserte et le désert de Gobi, sont même privées de pluies et presque dépourvues d’êtres vivans non plus par l’effet du froid, mais par l’absence d’eau ; l’eau et la chaleur sont effectivement les deux élémens dont l’union féconde engendre nécessairement la vie ou du moins la rend possible.

Ce rapide exposé permet de comprendre la nature et le rôle des élémens qui concourent à former le climat, ou, pour mieux dire ; des facteurs d’où il résulte dans sa diversité. Le soleil fournit la chaleur, la position de l’axe détermine l’angle sous lequel le globe la perçoit, et l’atmosphère, suivant sa densité relative, l’absorbe plus ou moins et l’empêche de se dissiper. Le rôle de ces trois facteurs étant parfaitement déterminé, on conçoit très bien qu’il