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total des élèves qui fréquentent les collèges, pensionnats, école » privées ou publiques, s’élève à 622,342, chiffre bien insignifiant eu égard à la population de l’empire. Ce ne sont pas les bonnes intentions qui manquent au gouvernement ; il a fait rédiger un code complet d’instruction publique, lequel embrasse tous les états et toutes les classes, mais l’étendue de l’œuvre l’effraie. Il compte beaucoup sur le système volontaire, dont il veut stimuler l’action par des allocations en rapport avec les sacrifices que les habitans s’imposeront. Dans la période décennale que nous résumons, le budget de l’instruction publique s’est élevé de 195,494 à 763,230 livres sterling. Ce chapitre a même été augmenté dans le dernier budget de 68,000 livres sterling ; mais l’on se demande si le système volontaire est de mise dans un pays où le peuple est sur ce point, comme sur tant d’autres, d’une accablante apathie. La classe supérieure, il est vrai, s’est montrée dans certaines provinces bien disposée à entrer dans cette voie. A Lucknow, les taloukdars ont fondé un collège qui promet de rendre de grands services à la ville. Les riches négocians de Bombay ont noblement coopéré à la diffusion des connaissances utiles. Sir Iamsit-ji Jejiboy a donné 20,000 livres sterling pour doter sa ville natale d’un établissement où le peuple pût recevoir une bonne instruction. M. Rustumji a offert 10,000 livres sterling pour la propagation des principes pédagogiques anglais. Un autre a fondé un collège pour les ingénieurs civils et l’a doté d’une chaire d’économie politique. L’enseignement supérieur se complète chaque jour. Il n’y manque comme clé de voûte que la création de plusieurs universités bien espacées sur cette surface immense. C’est le peuple qu’il faut instruire, et sur ce point il est resté jusqu’à ce jour indifférent. Le gouvernement a fondé dans chaque province une école normale, où des professeurs indigènes préparent des instituteurs qui donneront aux enfans du peuple une bonne instruction primaire. Les obstacles qu’il faut surmonter sont nombreux. Dans les seules provinces du centre, on parle onze langues différentes !

Le gouvernement veut aussi donner à l’éducation des filles toute sa sollicitude, mais les difficultés se multiplient sur ses pas. Les riches Hindous, qui sont tout disposés à le seconder dans l’ouverture de nombreuses écoles de garçons, reculent quand il s’agit de doter les filles des mêmes avantages. Les préjugés sont profondément enracinés dans l’esprit des Hindous et des Orientaux en général. Le gouvernement ne s’est pas laissé arrêter par ces obstacles ; il a sérieusement posé les fondemens de l’éducation de la femme hindoue, et a invité les autorités provinciales à le seconder dans ses vues. Le Pundjab, dont la population est plus énergique, peut-être parce qu’elle se rapproche le plus du nord, s’est mis