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Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 89.djvu/549

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de la confiance que méritait la Banque, les hommes éclairés, dont l’opinion, au moins en affaires, est suivie par la masse, savaient que l’émission était réglée sur la situation ai portefeuille. Nous doutons qu’une banque chargée exclusivement de faire des prêts à découvert eût de la même manière inspiré confiance aux porteurs de ses billets.

Des développemens qui précèdent, il faut conclure que ce que l’on appelle crédit agricole ne correspond à aucun besoin spécial. Qu’ils soient agriculteurs ou commerçans, ceux qui inspirent confiance obtiennent le crédit dont ils ont besoin, et la porte n’est fermée qu’aux suspects. Les établissemens financiers qui s’intituleront banque agricole, crédit agricole, etc., ne feront que donner une enseigne à leurs entreprises, enseigne dont les termes ne les empêcheront pas de traiter exclusivement ou au moins principalement avec le commerce et l’industrie. Il serait désirable seulement que, dans les départemens, les succursales de la Banque fussent autorisées à faire, jusqu’à concurrence d’une somme limitée, des prêts à découvert semblables à ceux que font les banques d’Ecosse. L’obligation de ne prêter que sur des opérations réalisées empêche la Banque de traiter directement avec l’agriculture, et il y aurait là une modification utile à faire. Ce mélange serait supérieur à la combinaison qui consisterait dans la création de banques ne prêtant qu’à découvert. Sous peine d’arrêter la circulation du numéraire, les prêts à découvert et à longue échéance ne peuvent être faits qu’à titre d’opération accessoire, et c’est pour cela qu’il faut charger de cette mission des établissemens qui sont montés sur le pied de banques de circulation. Une banque agricole qui serait bornée aux prêts à découvert ne tarderait pas à être vidée par des sorties que ne viendraient pas compenser des rentrées correspondantes.

Faut-il donc décider que l’agriculture est atteinte d’une langueur incurable, et qu’elle est condamnée à vivre dans la gêne ? Au contraire notre conviction est que les cultivateurs n’ont qu’à vouloir pour mettre un terme à cette position. Au propriétaire qui exploite son bien, on ne saurait trop conseiller d’en vendre une partie pour mettre sa culture sur un bon pied, et surtout pour se procurer un fonds de roulement suffisant. Toutes les fois que l’ordre des assolemens ne sera pas troublé par une aliénation partielle, le propriétaire cultivateur n’aura pas de meilleur parti à prendre, car le capital ne lui fera point défaut, et sa tranquillité sera d’ailleurs parfaite. Ceci nous fournit l’occasion d’émettre un vœu qui sera certainement partagé. Puisque, dans un grand nombre de cas, la vente des immeubles sera la meilleure solution au problème du crédit agricole, il faudrait la faciliter au. lieu de l’entraver. Or notre