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ici un grand nombre de variétés de cette race, diverses surtout par la toison, mais dont le caractère commun est la précocité. Ce qu’il faut aux dishleys, ce sont d’abondans pâturages ; aussi réussissent-ils à merveille dans nos riches vallées normandes.

Tout aussi remarquable, quoique très différente., est la race des southdowns, créée plus récemment par Ulmann et par Jonas Webb. Comme son nom l’indique, c’est la race des dunes du sud ; elle vivait originairement sur les collines crayeuses du comté de Sussex. Toujours au pâturage, les moutons de ce pays supportaient admirablement les privations et la misère ; mais ils étaient de petite taille, mal conformés, portaient très peu de laine, et, prêts pour la boucherie entre trois et quatre ans, ne fournissaient pas plus de 20 à 25 kilogrammes de viande. L’art d’Ulmann et surtout-de Webb a fait des southdowns des moutons qui, toujours sobres et rustiques, peuvent être livrés à la boucherie entre quinze mois et deux ans, et donnent alors de 30 à 40 kilogrammes de viande nette. Cette viande est en outre si prisée pour sa qualité qu’elle se vend à Londres de 15 à 20 centimes par kilogramme de plus que les autres. Ajoutons qu’on a vu aux concours de Smilhfield des southdowns qui rendaient jusqu’à 80 et 90 kilogrammes de viande, ce qui est du reste l’exception ; enfin la toison est plus abondante et plus belle que celle des dishleys. Les southdowns réussissent là où les dishleys ne sauraient vivre. C’est une race marcheuse qui fait chaque jour sans fatigue 4 kilomètres et plus pour se rendre au pâturage, et autant pour en revenir. La seule chose qu’elle redoute, ce sont les sols humides et mal assainis.

Telles sont les deux races les plus célèbres de l’Angleterre. Il en faudrait encore citer quelques autres, parmi lesquelles viendrait en première ligne la race new-kent, moins précoce que les précédentes, mais plus rustique encore, et qui, à l’âge de trois ans, fournit en moyenne 70 kilogrammes de viande nette. Les new-kent supportent le froid et le vent, vivent à la dure et n’exigent pendant l’hiver d’autre nourriture artificielle qu’un peu de foin. C’étaient des reproducteurs new-kent que Malingié-Nouet avait choisis pour introduire le sang anglais dans la race de la Charmoise. Les moutons cotswold, inférieurs aux dishleys dont ils se rapprochent beaucoup, ont aussi leur mérite ; ils sont plus rustiques et plus féconds, ils donnent plus de laine ; à deux ans, la boucherie en tire 80 kilogrammes environ de viande nette. N’oublions pas non plus les cheviot écossais, qui, sans avoir les mêmes qualités de précocité, peuvent s’engraisser facilement, et qui sont habitués à vivre, tourmentés par le froid et par la faim, sur des montagnes où périrait sans doute toute autre espèce de moutons.

On voit dans quelle large mesure les races ovines de