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la remonte des cuirassiers. Le troisième centre est dans le département de l’Orne ; il produit le cheval connu sous le nom de cheval du Merlerault, magnifique cheval d’officier. Le sol est moins fertile, les hivers sont plus rudes, et les étés moins doux que dans le Calvados et la Manche. Les chevaux y sont plus légers, plus distingués, plus vigoureux. Le haras du Pin place dans cette contrée ses plus beaux étalons. — À ces trois centres de production correspondent deux centres d’élevage : les belles plaines de Caen, si fertiles, si bien cultivées, et la plaine d’Alençon à sol un peu moins riche et où les chevaux ne prennent pas autant de corpulence. Toutes les vallées qui entourent ces deux centres d’élevage y envoient leurs poulains. Les plateaux des environs de Caen sont au cheval d’attelage ce que les plateaux des environs de Chartres sont au cheval de diligence ; on y conduit non-seulement les poulains nés en Normandie, mais encore les beaux poulains de race qui naissent dans la Bretagne, l’Anjou, la Vendée, le Poitou. Après l’élevage, il n’est pas possible de distinguer les vrais chevaux normands, — c’est-à-dire nés dans la Normandie, — de ceux des provinces que je viens de nommer. Les uns et les autres d’ailleurs proviennent de la même souche paternelle, l’étalon de course, et de la même souche maternelle, la jument normande : de tout temps, le sang normand a été infusé en abondance dans les races d’attelage de l’ouest. Les chevaux de la Saintonge et de la Vendée, comme ceux de la Bretagne et de l’Anjou, répondent aux mêmes besoins et peuvent avoir la même destination que ceux des départemens de la Manche et du Calvados. Peut-être cependant sont-ils plus exposés à certaines maladies, à la fluxion périodique par exemple, que ceux de la Normandie. — Les dépôts de remonte d’Alençon, de Caen, de Saint-Lô, d’Angers, de Fontenay-le-Comte, de Saint-Jean-d’Angely, achètent des chevaux de grosse cavalerie.

L’échelle des tailles des chevaux français s’élève de 4 pouces à 7 pouces, 7 pouces et demi, et saute tout de suite à près de 9 pouces et plus. Les chevaux de dragons manquent donc, et ils manqueront jusqu’à ce qu’une administration des haras plus sage et plus entendue ait pris la peine et les soins nécessaires pour perfectionner les races, relever les tailles et en établir une progression suivie et sans interruption. »

L’auteur de ces lignes[1] se montre dans quelques passages de son ouvrage très sévère pour l’administration des haras, mais est-il fondé dans ses observations critiques en avançant qu’il ne dépend que de cette administration d’élever la taille de nos petits chevaux ? La taille de nos diverses races s’explique par la fertilité

  1. Huzard, Instruction sur l’amélioration des chevaux en France.