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touchait alors à sa fin, et la paix était déjà signée lorsque sir George Lewis, au mois de mai, présenta au parlement le budget de 1856. Ce budget ne pouvait encore être un budget de paix. Il restait en effet à liquider et à solder les derniers frais de la guerre, il fallait faire revenir de Crimée les troupes qui s’y trouvaient, et les dépenses du nouvel exercice ne pouvaient être évaluées à moins de 76,500,000 liv. sterl. Pour y faire face, le ministre demanda le maintien de toutes les surtaxes établies l’année précédente, et il arrivait ainsi à une somme de 67 millions de livres sterling. Restait donc une insuffisance de 8 millions 1/2, qu’il proposa de combler d’abord avec un nouvel emprunt de 5 millions, que la maison Rothschild souscrivit encore, au prix de 93 cette fois, ensuite par des émissions de bons ou billets de l’échiquier. Les moyens demandés par le ministre furent accordés sans discussion. Toutefois à cette occasion MM. Disraeli et Gladstone firent entendre des conseils d’économie qu’il est bon de rappeler. C’était une erreur de croire, selon M. Disraeli, que les déceptions et mésaventures éprouvées au commencement de la guerre seraient prévenues à l’avenir par l’entretien pendant la paix d’une armée beaucoup plus considérable que ne le réclamaient les besoins ordinaires du pays. Bien au contraire, le résultat probable de la conservation pendant la paix d’un état militaire trop important serait, si jamais pareille lutte recommençait, de s’y engager sans que le pays eût à sa disposition ces ressources qui, accumulées par les. sages économies des années précédentes, l’avaient mis à même de traverser ses récentes difficultés sans gêner et sans compromettre sa situation financière. M. Gladstone donna son adhésion à ces sages paroles. Il exprima même le regret que les réductions proposées pour l’exercice courant ne fussent pas plus considérables, et il ajouta que dans aucun cas nulle partie du revenu public ne devait être sacrifiée jusqu’à ce que le gouvernement, ayant acquitté tous ses engagemens, se trouvât en mesure de proposer dans le régime des taxes les réformes qui restaient à faire.

Les dépenses de 1856, avons-nous dit, étaient présumées devoir s’élever à 76,500,000 liv. sterl. et les recettes à 67 millions de livres sterl. Néanmoins les premières furent votées au chiffre de 81 millions de livres sterling et les secondes au chiffre de 71,500,000 liv. sterl. Une heureuse innovation en effet venait d’être introduite dans le budget anglais. Jusqu’alors la recette y avait figuré, sans aucune mention des frais de recouvrement ; désormais ces frais y furent portés pour leur montant réel, soit environ 4,500,000 liv. sterl., et les recettes, calculées à leur chiffre brut, y furent accrues de pareille somme.

La guerre de Crimée avait décidément coûté 76 millions de liv.