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état ne doit se décharger des impôts établis en vue des circonstances exceptionnelles qu’après s’être libéré des engagemens que ces mêmes circonstances l’ont mis dans l’obligation de souscrire ; mais ici l’animation du pays contre l’income-tax était telle que la nécessite de donner satisfaction à ce sentiment l’emporta sur toute autre considération, et il nous suffira de dire que sir George Lewis fut à peu près seul dans le parlement à combattre les propositions de son successeur. Il soutint, que l’income-tax était l’objet des plus injustes attaques, que jamais l’engagement de le supprimer n’avait été pris, et qu’il y avait dès lors tout avantage à le conserver pour payer les dettes contractées.

Tel ne fut pas l’avis de M. Gladstone, qui donna son approbation complote aux arrangemens proposés, et se prononça en faveur de la suppression la plus prompte possible de l’income-tax. Cet impôt, dit-il, est à la fois une source si productive et un instrument si commode, c’est si tôt fait d’imposer 1 ou 2 deniers de plus, de venir devant cette chambre, ainsi que l’a fait mon honorable ami sir George Lewis, et de lui démontrer qu’après tout la différence entre 2 liv. sterl. 1 sh. 8 d. et 2 liv. sterl. 18 sh. 4 d. est chose si peu importante, si facile à payer, qu’aussi longtemps que l’income-tax fera partie du revenu ordinaire, il est inutile de songer à opérer des économies sérieuses et effectives.

Ainsi soutenu par le chef de l’opposition, le plan de M. Disraeli fut adopté sans encombre, et les résultats de l’exercice furent excellens. Les recettes s’élevèrent à 65 millions de livres sterling, dépassant les prévisions de 1,500,000 liv. sterl. L’excédant sur les dépenses fut de 800,000 liv. sterl. et l’état des encaisses permit même a M. Disraeli, sans recourir à aucun crédit spécial, de rembourser au commencement de 1850 les 2 millions de bons de l’échiquier arrivant alors à leur échéance. Il y avait donc tout lieu d’espérer que, le revenu public progressant et les dernières charges de guerre se trouvant liquidées, les 5 deniers de l’income-tax suffiraient pour 1859, et qu’il serait d’autant plus facile, de renoncer complètement à cet impôt en 1860, qu’alors devaient s’éteindre 2,150,000 liv. sterl. d’annuités à terme ; mais cet espoir ne devait pas être réalisé de si tôt, et, avant de dire les circonstances nouvelles qui vinrent y mettre obstacle, nous résumerons, ainsi que nous l’avons fait pour la période de 1842 à 1853, les modifications qu’avait subies le budget anglais depuis cette dernière époque.

Les dépenses, qui en 1853 avaient été de 51,250,000 livres sterling, s’étaient élevées à 60 millions de livres, déduction faite de 4,600,000 liv. sterl. pour les frais de recouvrement de l’impôt, portés en compte au budget seulement à partir de 1856.