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de la mer ; à la fin de l’année 1868, MM. Malmgren et Smitt revenaient à Stockholm d’une quatrième expédition au Spitzberg, rapportant de nombreuses collections d’animaux pris à des profondeurs de plus de 2,000 brasses.


III.

Aussitôt que furent appréciés les résultats obtenus par M. Ossian Sars dans l’exploration des fonds de la mer, deux zoologistes distingués de l’Angleterre eurent la pensée de faire draguer les parties les plus profondes de l’Océan. M. Wyville Thomson, ayant visité la Norvège, avait été saisi d’étonnement à la vue de la foule des animaux remarquables qu’on avait été pêcher aux alentours des îles Lofoten, et il avait particulièrement admiré le lis de pierre, qui appartient à un type dont les derniers représentans, croyait-on, avaient vécu à l’époque de la craie. En même temps, il s’était souvenu que M. Absjornsen s’était procuré, peu d’années auparavant, à 200 brasses au-dessous de la surface de l’eau, plusieurs individus d’une singulière étoile de mer n’ayant de parenté qu’avec des espèces fossiles (du genre Protaster). Alors il vit déjà en imagination les merveilleux résultats scientifiques qui surgiraient, si l’on parvenait à étudier les conditions de la vie animale dans les plus grands abîmes de l’Océan. À son tour, M. William Carpenter, l’auteur d’une multitude de travaux estimés, dominé par cette conviction et très pressé de se mettre à l’œuvre, signale au président de la Société royale de Londres l’intérêt de la question qui s’agite en exprimant le désir, qu’il partage avec son ami M. Wyville Thomson, d’obtenir de l’amirauté la disposition d’un navire. Le vœu est transmis sans retard, et peu de jours après le secrétaire de l’amirauté répondait au président de la Société royale que la demande du docteur Carpenter et du professeur Thomson était accueillie, et que les prescriptions étaient transmises à Pembroke pour que le bateau à vapeur l’Éclair (Lightning) fût immédiatement préparé en vue des opérations qu’on se proposait. Le 11 août 1868, MM. Carpenter et Thomson partaient ainsi du port de Stornoway sur un bon navire pourvu des dragues et des appareils de sondage nécessaires à l’expédition.

Les investigateurs qui avaient exploré avec un grand succès les parages des îles Hébrides et surtout des îles Shetland, disposant de moyens assez faibles, n’avaient encore atteint que des profondeurs médiocres. Cette fois, il s’agissait d’aller beaucoup plus loin, et de donner aux recherches un nouveau caractère de précision en déterminant la température sur les fonds où seraient recueillis les plantes et les animaux. On se dirigea vers les îles Féroe ; mais malheureusement la saison était trop avancée pour faire une longue campagne