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la dépense d’une partie de ces travaux et de ces services, comme le crédit de l’état est intéressé à ce que la ville ne multiplie pas ses obligations, comme le repos de l’état exige que la ville n’enlève pas sans mesure les ouvriers des provinces, il est naturel que la mairie centrale ne soit pas dessaisie de ces attributions, toujours sous le contrôle et avec le concours d’un conseil municipal élu. Enfin il suffit de jeter les yeux sur un budget de Paris pour voir que les deux tiers des recettes se composent des produits de l’octroi, et l’autre tiers de subventions de l’état, d’une partie des impôts directs perçus dans la ville et du produit des grands services (eaux, gaz, pompes funèbres), matières qu’il est impossible de fractionner. La police, les travaux publics, les recettes, les dépenses, doivent donc rester confiés à une autorité centrale assistée d’un conseil élu, et comme les affaires sont évidemment d’un caractère mixte, général et communal à la fois, on peut raisonnablement accorder, dans la capitale de la république, la nomination du préfet ou maire central et du préfet de police au gouvernement, le conseil étant rendu au suffrage libre des électeurs.

Les maires de Paris, n’étant chargés ni de la police ni de la promulgation des lois, ne sont pas des délégués du pouvoir central ; ils tiennent de la loi des attributions directes que l’autorité centrale ne peut pas remplir, et qu’elle ne saurait par conséquent déléguer. Le maire central ne peut ni marier, ni inscrire sur la liste électorale, ni présider les bureaux de bienfaisance. Il est préfet, il n’est pas maire. Je ne vois donc aucun inconvénient à laisser au suffrage universel l’élection directe des maires et adjoints qui vient de lui être remise pendant le siège de Paris pour la première fois. J’ajoute que les maires et adjoints élus pourraient très convenablement, en s’assemblant, composer le conseil municipal. Les maires n’avaient avant 1870 que deux adjoints, on a très bien fait d’en ajouter un troisième ; chacun des quatre quartiers de l’arrondissement peut ainsi être représenté, et dans les temps ordinaires le maire, assisté par trois adjoints, aura le loisir et la liberté de se consacrer aux affaires générales. L’entrée des maires dans le conseil municipal me paraît très utile aux intérêts des arrondissemens, indispensable même, si la décentralisation des attributions conduit à ouvrir aux mairies un crédit plus large ; mais il peut paraître juste cependant d’élire d’autres conseillers municipaux, soit à cause des occupations qui accablent déjà les maires d’arrondissement, soit à cause de la difficulté de confondre des fonctions de contrôle avec des fonctions d’exécution, et de les charger réciproquement de l’examen des actes de leurs collègues. Cette difficulté d’ailleurs n’empêche pas de prendre les maires parmi les conseillers municipaux dans toutes les communes de France. Le point est secondaire, il peut être réservé,