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de merveilleux progrès ; en Chine, elle est restée dans cet état stationnaire commun à toutes les industries et à tous les arts du céleste empire. Au milieu des plus beaux jardins de la grande capitale et des environs, les plantes d’ornement, les unes indigènes, les autres étrangères, n’offrent pas une bien grande diversité. On cite la reine-marguerite et les chrysanthèmes, ou plus exactement les pyranthèmes, avec de nombreuses variétés ; l’hémérocalle jaune et l’hémérocalle du Japon, la belle de nuit, la capucine, la rose-trémière, le soleil, la balsamine, le basilic et la menthe poivrée, des œillets que la culture des Chinois n’a pas rendus magnifiques, la gomphrène violette, des amarantes et des célosies (la crête-de-coq, originaire de l’Asie et cultivée dans tous nos jardins), la pensée, le coréopsis, le narcisse jaune, la zinnie rouge de la Louisiane, dont l’importation est due probablement aux jésuites. La liste, nous assure-t-on, est à peu près complète ; elle serait bien courte à côté de l’énumération des plantes cultivées dans les jardins de Londres ou de Paris. À Pékin, comme en Europe, on voit dans des caisses ou des vases des arbrisseaux tels que des orangers, le grenadier, le laurier-rose, un arbuste originaire des provinces méridionales de l’empire, le corsythia à fleurs jaunes. Dans la demeure des personnages riches se trouve encore le palmier à chanvre de la Chine méridionale (Chamœreps excelsa) qui a besoin d’être maintenu dans une atmosphère chaude durant l’hiver. Pour cet objet, il y a des serres construites d’une manière assez intelligente.

La faune du Pe-tche-li n’offre pas une grande richesse, comme on le pensera sans peine d’après la rigueur du climat et d’après la nature de la végétation. Les grandes plaines cultivées ne sont pas favorables à la vie de la plupart des animaux, et les montagnes qui forment la ceinture du nord de la Chine fournissent trop peu d’abris pour être habitées par un grand nombre d’insectes ou d’oiseaux. L’ensemble des êtres de la contrée offre néanmoins un extrême intérêt par suite du mélange des formes européennes et des formes asiatiques, et à cause de la présence de certaines espèces particulières au pays, très peu différentes de celles de l’Europe centrale.

Les insectes fournissent un saisissant exemple de l’association curieuse déjà signalée à l’égard des végétaux. Dans la foule, les groupes se dessinent de la manière la plus nette : il y a les espèces communes aux environs de Paris et sur une grande étendue de l’Europe centrale, les insectes tout voisins des nôtres, et cependant bien distincts, qui semblent représenter ces derniers dans une autre partie du monde, ceux qu’on observe en Sibérie, ceux en petit nombre qui appartiennent à la faune de l’Asie centrale, enfin quelques formes propres à la région. Chacun pourra sans peine avoir une juste idée du mélange, si nous attirons le regard sur les