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pagnies d’infanterie et quelques canons y furent engagés de notre côté. Le général Polhès s’attribua le succès. Cependant le lendemain de cette rencontre heureuse, le 27 septembre, Orléans était évacué par les troupes françaises, sous prétexte qu’elles avaient devant elles des forces supérieures, massées principalement du côté de Patay. Cette brusque retraite a été l’objet d’une vive altercation entre le général de Polhès et le préfet du Loiret, M. Pereira. Il résulte des faits que l’abandon de la ville n’avait aucune excuse. La division de cavalerie du prince Albrecht avait été prise pour tout un corps d’armée. Elle n’entra pas dans Orléans, qui pourtant était sans défense ; après avoir détaché quelques escadrons du côté de Bonneval et de Châteaudun, elle rebroussa chemin. Son but avait été probablement de reconnaître les forces que nous avions dans ces régions. Le général de Polhès perdit son commandement, qui passa au général de La Motterouge. L’ennemi, cantonné sur la route d’Orléans à Paris, occupant les importantes localités de Toury, d’Artenay, de Patay, y faisait de nombreuses réquisitions. Il fallait le déloger. Le 5 octobre, un combat très vif eut lieu entre notre petit corps d’armée, dirigé par le général Reyau, et la cavalerie du prince Albrecht. Nous fûmes complètement victorieux. L’ennemi évacua précipitamment Pithiviers et tout le Loiret, laissant derrière lui des convois de bestiaux. Ce fut là ce que l’on nomma la victoire de Toury. Notre triomphe ne devait pas être de longue durée.

Les Prussiens se déterminèrent à détacher de l’investissement de Paris des forces plus imposantes. Le 1er corps d’armée bavarois tout entier, sous le commandement du général von der Thann, devait marcher sur Orléans. En même temps et parallèlement, la division du général Wittich se dirigeait par Épernon et Maintenon sur Chartres ; d’autres colonnes volantes traversaient Houdan pour se porter sur Dreux. Un mouvement analogue avait lieu au nord sur Vernon et Pacy-sur-Eure, en outre sur Gisors. Des opérations du même genre se dessinaient au nord-est vers Beauvais et jusqu’à Saint-Quentin. De toutes parts, les Prussiens voulaient porter leur ligne d’investissement jusqu’à un rayon de 25 ou 30 lieues de Paris. Cette marche en avant s’exécuta malheureusement avec ensemble et succès. Le 10 octobre, nos troupes rencontrèrent celles de von der Thann à Artenay. Nous avions environ 25,000 hommes engagés ; l’ennemi devait être supérieur en nombre, il l’était surtout en cavalerie et en artillerie. Le combat dura de neuf heures et demie du matin à deux heures et demie du soir. Nous fûmes refoulés dans la forêt qui entoure Orléans de ce côté. Le général de La Motterouge annonçait l’intention de s’y défendre à tout prix, Néanmoins le lendemain, après un court engagement, il abandon-