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de fusils à piston. Ils crurent avoir battu l’armée de la Loire, tandis que les petits détachemens qu’ils avaient rencontrés étaient des troupes isolées faisant partie de la prétendue armée de l’ouest, sous le commandement de Fiereck, laquelle n’avait jamais été organisée et n’existait réellement pas en tant qu’armée. S’exagérant l’importance de ce succès sans gloire, trompée aussi sur nos positions et nos intentions réelles, une partie des forces de Mecklembourg continua sa marche, se dirigeant sur Le Mans ; elle eut de nombreux engagemens à Châteauneuf, à La Loupe, à Fourches. Elle arriva ainsi à Mamers et à Saint-Calais. On put croire que son projet était de tourner notre armée de la Loire, ainsi que l’annonçaient les journaux de Berlin. Elle dut bientôt renoncer à ce plan, si elle l’a jamais eu ; quelques forces se concentrèrent près du Mans, venant du camp de Conlie, et arrêtèrent les têtes de colonnes prussiennes. D’autre part, des événemens se passaient sur le front de l’armée de la Loire, qui exigeaient le retour en arrière des forces de Mecklembourg. Frédéric-Charles, s’étant avancé à marches forcées par Troyes, Sens, Joigny, était dans ces localités vers le 22 et le 23 novembre ; vers le 26 et le 27, il avait réuni ses forces entre Pithiviers et Montargis. La ligne des Allemands s’étendait alors de Nogent-le-Rotrou à Montargis par Brou, Châteaudun, Janville, Toury, Beaune-la-Rolande. Les grandes opérations allaient commencer. Il n’y eut cependant pas de véritable bataille à proprement parler, et les affaires se décidèrent dans une série de combats importans. D’énergiques efforts furent faits par les nôtres sur l’armée de Frédéric-Charles à Ladon, Mézières et Beaune-la-Rolande le 28 novembre, et nous fûmes sur le point d’obtenir un succès décisif ; mais notre armée finit par être repoussée, et le général prussien se vanta de nous avoir complètement battus et tué 7,000 hommes : c’était évidemment exagéré. Ayant échoué de ce côté, notre armée changea ses plans. Le 30 au soir, au quartier-général, d’après des instructions ministérielles venues de Tours, on décida de se jeter sur le grand-duc de Mecklembourg, qui occupait la ligne de Châteaudun à Toury, et formait la gauche prussienne. Le plan était, dit-on, de culbuter ces corps ennemis, de marcher sur Paris en tournant Versailles et en débouchant entre Saint-Germain et Saint-Denis. Une violente attaque, qui dura trois jours et à laquelle prirent part surtout le 16e et le 17e corps, décida de cette campagne. Le 1er décembre, l’avantage nous resta. Le général Chanzy, qui commandait le 16e corps, télégraphiait de son quartier-général à Patay que nous venions d’emporter cinq positions ennemies, entre autres les villages de Terminiers et de Guillonville ; mais le grand-duc de Mecklembourg fit le lendemain un retour offensif avec de grandes forces et reprit ses positions de la veille. La bataille