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part à un taux aussi fort que chez nous. Dans les grands pays qui ont la meilleure comptabilité financière, en Angleterre, il n’existe pas ; il est remplacé pour tous les baux et actes de vente par un droit de timbre équivalent à 1/2 pour 100. En Prusse, c’est un droit de timbre également qui frappe les mutations ; il est de 1 pour 100. On a compris partout qu’imposer les transactions sur immeubles à un taux excessif était un mauvais moyen de se procurer des ressources ; on y perd plus qu’on n’y gagne.

En Angleterre, depuis un certain nombre d’années, on a beaucoup diminué les taxes de consommation. Le chiffre des réductions n’est pas moindre de 25 millions de liv. sterl., soit de 625 millions de francs ; mais comment les a-t-on diminuées ? Est-ce en vertu d’une théorie ? A-t-on déclaré que ces taxes n’étaient pas bonnes, et qu’il y avait lieu de les remplacer par d’autres, par des contributions directes ? Non certes ; on a tout simplement appliqué à les réduire les excédans de budget qu’on réalisait chaque année ; et, ces taxes étant les plus nombreuses et les plus lourdes, atteignant des choses de première nécessité qui ne sont pas imposées chez nous, telles que le pain et la viande, elles ont été tout naturellement les premières à profiter de ces excédans. On a si peu agi en vertu d’une théorie, qu’aujourd’hui encore, malgré les diminutions qui ont eu lieu, les taxes indirectes fournissent les trois quarts du budget anglais. Si on dit qu’elles coûtent plus à percevoir que les impôts directs, l’exemple de l’Angleterre est encore là pour nous montrer qu’il est possible sous ce rapport de faire beaucoup d’améliorations. Les Anglais perçoivent aujourd’hui l’ensemble de leurs contributions indirectes avec une dépense de 5 pour 100, tandis que le même service chez nous revient à 12 pour 100. Pourquoi n’arriverions-nous pas au même résultat ? Nous avons en France une administration trop coûteuse, et, en ce qui touche la perception des impôts notamment, on pourra, quand on le voudra, réaliser, beaucoup d’économies. Il y a dans les états-majors des rouages qui sont devenus inutiles ; on pourrait les supprimer sans inconvénient pour le service.

On fait enfin une dernière objection : on reconnaît les facilités que donnent les taxes indirectes pour arriver à percevoir de grosses sommes ; mais on les repousse par cela même, à cause de l’abus qui peut en résulter. Il n’est pas bon, dit-on, que les peuples ne sentent pas le poids des taxes qui pèsent sur eux ; plus ils les sentiront, plus ils seront désireux de voir réaliser des économies. L’argent le plus mal employé est celui qui est entre les mains de l’état, et le moins qu’on puisse lui en laisser est toujours le mieux pour les intérêts économiques du pays. En outre il peut s’en servir pour des