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LES


GAZ NATURELS


DES APENNINS ET DE LA TOSCANE




Lorsqu’on enfonce l’extrémité d’un bâton dans la boue d’un marécage ou d’un fossé fangeux, on voit ordinairement s’échapper aussitôt du point touché une multitude de bulles de gaz qui viennent crever à la surface de l’eau. Ces bulles doivent leur origine à une décomposition incessante de matières végétales ; elles se forment peu à peu à mesure que s’opère la putréfaction paludéenne. Nulle élévation de température sensible, nul phénomène violent n’en accompagne la production, et l’agitation qu’on imprime accidentellement ou à dessein au dépôt vaseux qui les renferme, ne fait qu’en faciliter la mise en liberté. Le travail qui leur donne naissance est incessant et énergique, mais il s’opère lentement et silencieusement ; c’est une de ces actions de fermentation que la nature accomplit avec mystère, et que l’on ne devine guère qu’après l’accomplissement des transformations subies par les substances qui en sont l’objet. D’après cela, ne semble-t-il pas téméraire de supposer qu’il puisse exister la moindre analogie entre la cause de phénomènes d’apparence si modeste, si calmes dans leur développement, et celle des terribles manifestations dont les volcans sont le siège ? Comment imaginer que la force qui agit dans l’altération spontanée de la fange d’un bourbier soit essentiellement identique dans son principe à la puissance immense qui fait éclater le sol au moment des éruptions et en projette les débris dans les airs, qui lance jusqu’aux nuages d’épaisses colonnes d’eau