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autant de fontaines ardentes dont les produits gazeux ne diffèrent pas sensiblement de ceux des localités précédemment citées.


IV.

Si l’on fait abstraction des rares périodes durant lesquelles les salzes présentent une sorte d’exacerbation, on peut dire d’une manière générale que tous les dégagemens gazeux des Apennins s’opèrent à une température peu différente de la température ordinaire. Lorsqu’on éteint la flamme d’un terrain ardent, le gaz qui continue à s’y dégager est froid. Dans les salzes, le gaz et la boue salée qui l’accompagne sont presque toujours à une température inférieure à la température de l’air ambiant. Quant aux fontaines ardentes, si quelquefois elles possèdent, comme à Porretta, une température notablement élevée, d’autres fois elles sont, comme à Riolo, à Salvarola, à San-Martino-del-Pedriolo, à une température inférieure en moyenne à celle de l’atmosphère de cette partie de l’Italie. Les suffioni, dont il nous reste à parler, sont au contraire caractérisés par la chaleur élevée dont ils sont doués. La région où on les observe se trouve presque au centre de la Toscane, à quelques milles au sud-est de la ville de Volterra. On en connaît sept groupes distincts peu éloignés les uns des autres. Quand on approche de l’une de ces localités, on voit de loin un épais nuage blanc, immobile en apparence, au-dessus d’une étendue de terrain circonscrite, et l’on perçoit en même temps, souvent à une grande distance, l’odeur fétide de l’hydrogène sulfuré. À mesure que l’on approche, les formes du manteau de brume qui recouvre le sol se dessinent de mieux en mieux, et l’on distingue le mouvement incessant qui en agite les diverses parties ; l’odeur de l’hydrogène sulfuré devient plus marquée, et l’on commence à entendre des bruissemens étranges ; mais l’étonnement redouble quand on pénètre dans l’intérieur même du nuage. L’air qu’on y respire est tiède et acide. La vapeur dont on est enveloppé est si épaisse, que l’on distingue à peine à quelques pas de distance le guide chargé de diriger l’explorateur. Le sol est blanchâtre, détrempé, glissant, imprégné d’acide sulfurique, dû à une oxydation lente de l’hydrogène sulfuré répandu dans l’air. Tout semble rongé et ramolli par l’action corrosive de cet acide. Des sifflemens aigus, des grondemens retentissans, se font entendre de toutes parts. Ici l’on rencontre un ruisseau d’eau chaude, blanchie par de la matière argileuse en suspension ; là on franchit de minces flaques d’eau couvertes d’écume ; plus loin on est obligé de faire un détour pour éviter un endroit dangereux où le terrain n’est consti-