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d’un commandement sera fait à tour de rôle, en allant du plus jeune au plus ancien, sur une liste générale de tous les officiers du même grade. Cette liste, affichée publiquement à la majorité générale, sera tenue au courant par un état rectificatif hebdomadaire expédié chaque samedi dans les divers ports. Toute violation du droit d’embarquement entraînerait la mise en réforme de l’autorité qui s’en serait rendue coupable. Le recours direct et gratuit au conseil d’état est autorisé. Tout officier dont la plainte aura été reconnue mal fondée sera mis immédiatement en réforme.

Nul ne peut être appelé à exercer un commandement à la mer : 1° dans le grade de lieutenant de vaisseau, que l’officier de ce grade qui a rempli les conditions pour l’avancement à un grade supérieur ; 2° dans celui de capitaine de frégate, que ceux qui comptent une année d’embarquement dans leur grade ; à bord des frégates naviguant, un des deux capitaines de frégate et les six lieutenans de vaisseau sont spécialement chargés de l’instruction des élèves suivant un programme déterminé. — La limite d’âge sera : pour les lieutenans de vaisseau, cinquante ans ; pour les capitaines de frégate, cinquante-cinq ans ; pour les capitaines de vaisseau, cinquante-huit ans ; pour les contre-amiraux, soixante ans ; pour les vice-amiraux, soixante-deux ans.

Telles sont dans leur esprit, plus que dans leur expression formelle et définitive, les mesures qui nous paraissent devoir assurer le développement de l’instruction de nos officiers et de nos marins, ainsi que celui de nos forces maritimes effectives, tout en réalisant les plus sérieuses économies et en sauvegardant les droits de tous. Les chiffres posés ne peuvent être qu’une approximation, un point de départ. Bien des détails de la plus haute importance n’ont pas été abordés ; il y faudra les recherches patientes et consciencieuses des hommes spéciaux. Même en ce qui regarde notre flotte et le personnel maritime, il nous serait facile d’entrer dans l’exposé de mesures secondaires qu’il serait temps de prendre, car, cela est triste à dire, mais il faut le dire, la marine a été dans ces dernières années un des corps où ce qu’on appelle la faveur a exercé la plus triste influence. Le découragement des meilleurs et des plus capables d’entre nous semblerait légitime, si nous ne devions tous avoir pour règle que la suprême récompense est le sentiment du devoir accompli. Espérons donc qu’un esprit de justice plus efficace présidera désormais aux destinées de ces courageux officiers, de ces braves marins, qui, à Paris comme dans toutes nos armées, ont porté si haut naguère l’honneur de leur arme.

Un officier de marine.